Entête

Joane Reymond pour SOIS BELLE ET T’ENDORS PAS

 

Théâtre du Roi René
4 rue Grivolas
84000 – Avignon

du 5 au 26 juillet

à 11h55

 

loupe 

 

—Joane Reymond, bonjour et bienvenue sur Regarts.org, comédienne, chanteuse, artiste de rue, entre autres comment vous décrire à nos lecteurs ?

Une artiste touche à tout qui aime son métier, que je pratique de manière artisanale !

— Actuellement en représentation à Avignon pour son célèbre festival au Théâtre du Roi René avec Sois belle et t’endors pas, quel en a été le point de départ ?

La grève des femmes et la prise de conscience que ma mère n’avait pas le droit de vote quand je suis née.

—Véritable spectacle immersif, vous chantez, incarnez plusieurs personnages à la fois, comment prépare-t-on sa voix ?

On la chauffe tout simplement en baillant et en tirant la langue… c’est le meilleur échauffement qu’on puisse faire.

—« Comédie rock’n roll et féministe » comment voyez vous le féminisme ?

Je le vois quotidien… pour avec une égalité homme femme, la question ne devrait pas se poser.

—Est-ce pour vous une première dans vos spectacles ou au contraire une ligne continue ?

Non j’en ai déjà parlé dans mes spectacles précédents mais de manière moins directe.

—Avec pas moins de 120 représentations, l’accueil du public a-t-il changé en fonction de l’actualité ?

Oui un peu, le féminisme pour certains fait peur, pour d’autres mon féminisme est trop consensuel…, je fais du féminisme tout public et sur ce spectacle plutôt historique et notamment le droit de vote des femmes, c’est pour ne pas oublier d’où viennent ces inégalités. N’oublions pas qu’Olympe de Gouges s’est fait guillotiner pour avoir écrit les droits de la femme et de la citoyenne en réponse au droit de l’homme !

—Et votre vision est elle toujours la même ?

Oui je ne suis pas une féministe agressive (on me le reproche parfois), mais c’est comme ça…(même si je suis atterrée par l’actualité ! ) Pour moi on a besoin des uns des autres, je ne suis pas là pour dire IL FAUT ou Y A QU’À ou encore traiter tous les mecs de connard… je m’oppose à toutes les injustices quelles qu’elles soient et parfois je ne me reconnais pas dans le féminisme extrême. C’est comme ça.

—Ce n’est pas la première fois que vous partez d’un conte dans vos spectacles, ici de La belle au bois dormant mais vous vous êtes aussi intéressé à Blanche Neige ou Cendrillon, qu’est-ce qui vous plait dans ces héroïnes ?

C’est plutôt ce que je n’aime pas qui m’intéresse… le côté princesse ! Le décalage avec la réalité, le mythe prince charmant etc. le message véhiculé depuis des siècles, dès la petite enfance… Ça va être dur d’en sortir avec les clichés, sois bonne, sois belle et tais-toi… cela rentre dans l’inconscient collectif comme une évidence….

Ce qui m’intéresse c’est le déconstruire le conte et de questionner ce qu’il raconte aujourd’hui.

—Actuellement au Théâtre du Roi René vous êtes également une artiste de rue, pour vous que représente la rue ?

L’accès au théâtre pour toutes et tous… ce qui est loin d’être le cas au Festival d’Avignon !

—À travers vos spectacles de rue ne perpétuez vous pas cette très vielle tradition du troubadour ?

Peut-être… mais à Avignon toutes les comédiennes et les comédiens se retrouvent à quémander le passant à venir voir leur spectacle (à part le IN bien sûr) c’est pire que de passer le chapeau ! Je me suis sentie comme une mendiante qui se prostitue pour convaincre le ou la passante de venir à notre spectacle ! Horrible !

—En vous remerciant, après ce grand mouvement qu’a été Me too, diriez-vous que les femmes se rendorment ?

Non mais des hommes et des mouvements conservateurs se réveillent et gagnent du terrain !  Quand on voit le recul ne serait-ce que l’accès à l’avortement dans certains pays… on voit bien que rien n’est acquis. Les femmes suisses ont acquis le droit de vote en 1971, huit ans après les Afghanes… ça fait réfléchir !

Merci à vous

Propos recueillis par Jean-Davy Dias