L’HOMME QUI DORMAIT SOUS MON LIT

 

Théâtre des Halles
Rue Noël Biret
84000 – Avignon

du 7 au 31 juillet
à 21h30
Relâche les 13,20 et27 juillet

 

loupe 

 

Pourquoi dormir sous le lit ? La question est digne d’intérêt, en principe on dort dans un lit, pas dessous. Mais ici la question a une réponse : parce qu’il n’y a pas de place ailleurs et que le monsieur qui dort sous le lit est un immigré en prime.

Nous vivons une époque à quelques années de la nôtre où on a légiféré pour les immigrés, donnant aux familles qui en loge un une prime. On n’a pas précisé au passage où on pouvait permettre de vivre à la personne en question.

Nous voici transportés dans un décor ultra simple, réduit à peu de chose : une chaise que l’on se dispute, un petit espace délimité au sol qui représente le lit, une fenêtre avec balconnière pour les fleurs et une porte pour aller dehors on s’en doute.

Alors c’est le ballet pour se déplacer, pour vivre. L’immigré récupère un peu de terre pour faire pousser des tomates sous le lit, là où il dort aussi, c’est dire l’espace qui lui est dédié. Comme l’entente est des plus difficile dans cet appartement vient une médiatrice dont la fonction est d’essayer de faire vivre les gens ensemble. Pas très douée elle va pourtant chercher à faire en sorte que tout se passe bien. À moins que l’immigré en question ne se suicide, cela arrangerait tout le monde. C’est l’option la meilleure, voilà la solution.

Vous avez compris nous sommes dans une fiction qui se passe dans un futur proche, un futur policé, organisé, pensé par nos élites européennes.

Pierre Notte a écrit et mis en scène avec vigueur cette pièce pour le moins grinçante. Pas un temps mort, les phrases un peu acides se succèdent, les situations très cadrées s’empilent, un regard très critique sur notre société qui sous des airs de fraternité n’est en fait qu’une supercherie. Lorsqu’il s’agit de fraternité envers les immigrés qui ont besoin eux aussi d’espace pour vivre on est loin d’un quelconque angélisme. Là on est en plein dans cette notion où l’espace est dessiné au sol pour ne pas se tromper, c’est peu dire !

C’est vif, acide, sans concession.

Muriel Gaudin, Sylvie Laguna et Clyde Yeguete sont tous trois excellents, usant d’une gestuelle d’une précision remarquable, bravo Clyde. Il est clair que le texte entre leurs mains est posé avec délicatesse, mais ça grince encore pas mal. C’est sans fausse note, on rit et on sourit... un peu jaune avouons-le.

Une très belle pièce qu’il faut voir, pour une fois qu’on peut rire intelligemment...

Attention réservez c’est plein.

Jean Michel Gautier

 

L’Homme qui dormait sous mon lit

Texte et mise en scène Pierre Notte

Avec Muriel Gaudin, Sylvie Laguna et Clyde Yeguete

Arrangements musicaux Clément Walker-Viry
Lumières Éric Schoenzetter