Théâtre de Poche-Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris

Jusqu’au 23 novembre
Du mardi au samedi à 21h
Dimanche 17h

 

Photo © Pascal Gely. 

 

Un menteur…  authentique affabulateur et vrai comique !

 

Le Menteur est la dernière comédie baroque de Corneille représentée en 1642 au Théâtre du Marais ; c’est le plus gros succès de son temps qui préfigure le style repris vingt ans plus tard par Molière.
« Le mensonge n’est un vice que quand il fait du mal ; c’est une très grande vertu quand il nous fait du bien » disait Voltaire… Eh bien, dans le cas de cette pièce, il est une vraie jubilation !
Le jeune Dorante ment comme il respire, s’invente une carrière militaire pour séduire deux belles inconnues rencontrées aux Tuileries. Il mêle à ses extravagances son père, son valet et ses jeunes conquêtes. Mais les demoiselles ne sont pas en reste de supercheries… Ce jeu de dupes est un régal textuel tant la langue est sublime et ce libertinage de mœurs exquis, par-delà la morale, nous entraîne avec bonheur dans un engrenage de quiproquos et de rebondissements hallucinants, à mourir de rire !

Bravo à Marion Bierry qui nous gratifie d’une adaptation particulièrement créative et d’une mise en scène, pleine de charme et de subtiles idées, comme de ponctuer certains dialogues de chansons aux airs célèbres avec des paroles originales. Quant à sa didascalie vis-à-vis de ses comédiens, elle est parfaite, y compris dans la distribution des rôles : un casting éblouissant ! Quelle énergie et quels talents… Les alexandrins deviennent gouleyants, les personnages, hauts en couleur sont aussi crédibles que pittoresques et tous d’un comique désopilant. Une mention spéciale à Alexandre Bierry, absolument formidable, le seul à ne pas jouer en alternance, qui incarne un Dorante solaire avec une puissance et une ardeur de jeu admirables.

Le soir de la première, lui donnaient la réplique, Benjamin Boyer, son valet Cliton, merveilleusement affolé et fidèle ; Arthur Guézennec, Alcippe son rival qui oscille avec conviction entre outrage et pardon ; Stéphane Bierry le père de Dorante qui campe avec maestria son ahurissement devant les délires de son fils ; et félicitations aux deux jolies et talentueuses demoiselles Mathilde Riey et Anne-Sophie Nallino qui interprètent avec brio, force  et roublardise, face à cette déferlante machiste, une Lucrèce et une Clarice plus lucides que leurs prétendants bien sûrs d’eux !

Un vrai chef d’œuvre à venir applaudir en famille, avec la certitude de passer une soirée joyeuse et magique…

Anne Revanne

 

Le Menteur

De Pierre Corneille
Mise en scène et adaptation Marion Bierry

Avec : Alexandre Bierry – Benjamin Boyer ou Thierry Lavat – Anne-Sophie Nallino ou Marion Lahmer – Serge Noël ou Stéphane Bierry – Mathilde Riey ou Maud Forget et Mathurin Voltz ou Yan Tassin,

Décor : Nicolas Sire,
Costumes Virginie Houdinière assistée de Laura Cheneau,
Assistant à la mise en scène : Denis Lemaître,