Entête

UN AIR DE FAMILLE

 

La Divine Comédie
2 rue Saulnier
75009 Paris
01 42 46 03 63

Jusqu’au 27 décembre 2025
Les vendredis et samedis à 21h15

 

loupe

 

 

D’abord une pièce à succès mise en scène par Stéphan Meldegg en 1994 au théâtre de la Renaissance, puis un film devenu un classique, Un air de famille fait partie de la collection d’œuvres coécrites par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri dont Cuisine et dépendance et Le Goût des autres. À deux mains, ils parviennent à styliser des personnages qui sont à la fois forts et ordinaires, excessifs et réalistes, égocentrés et touchants à la fois.

Attentifs observateurs des relations humaines corrompues ou dévastatrices, ils mettent en scène dans Un air de famille, les liens familiaux faits autant de tendresses, d’amertumes, de rancunes et de non-dits qu’ils sont porteurs de sécurité, de liberté et de contraintes. Dans cette pièce, l’action se déroule dans le bar minable du fils raté, celui qui n’a fait que reprendre sans rien y changer l’affaire du père. L’autre fils a de l’ambition. Du fric. Et l’admiration de la mère. C’est vendredi et tous les vendredis la famille se réunit pour aller dîner dans le meilleur restaurant du coin. Outre les deux fils, il y a la fille, qui a du mal à trouver une case et une place, la mère, petit tyran de petit royaume, et celle du fils réussi, une gentille jolie potiche dont c’est justement l’anniversaire ce soir.

Et puis il y a le serveur, qui est également le crush de la fille, qui regarde toute cette famille, détaché de toutes ces piques qui égratigne sans faire saigner. Et puis il y a une absente : la femme du tenancier, partie ce soir-là, avec l’envie d’une rupture, d’en finir avec cette vie vaguement médiocre. C’est le grain de sable qui va gripper l’aigre machinerie de ce repas de famille hebdomadaire et qui va finir par délier les langues, faire accoucher les rancœurs et largement fissurer l’esprit de famille qui était déjà bien usé.

La mise en scène de Corinne Azzoug est très fidèle à celle de la création de la pièce. Dans le décor réaliste de la salle du café « Au père Tranquille », les comédiennes et les comédiens endossent avec une belle énergie et beaucoup de finesse les personnages de la pièce. Chaque caractère bien marqué fait que les dialogues fonctionnent bien dans cette soirée qui révèle les âmes et les cœurs et les absences de cœur avec une cruauté pleine d’humour.

C’est une belle gageure d’incarner certains de ces personnages qui furent créés par Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Jean-Pierre Daroussin et Catherine Frot pour ne citer qu’eux. Des rôles écrits sur-mesure. Ces jeunes interprètes parviennent à les interpréter sans trop parodier leurs prédécesseurs et à leur insuffler une part personnelle originale.

Bruno Fougniès

 

Un air de famille

d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Mise en scène Corinne Azzoug

Avec Jean-Baptiste Bazin, Elaine Storck, Maud Plessis, Christopher Caulier, Corinne Azzoug et Fred Eyangoh