LE TRÈS BAS
Église Saint Leu – Saint Gilles
92 rue Saint Denis
75001 Paris
Jusqu’au 20 décembre
Les jeudis, vendredis et samedis 21h
Relâches exceptionnelles les 2, 3, 4, 17, 30 et 31 octobre et le 1er, 21, 27, 28, 29 novembre
En plein milieu de la vie bruyante, festive et marchande de la rue Saint-Denis, on entre par une volée de marches dans une église endeuillée de poussière noire. Comme dans un autre monde, imperturbable, silencieux et fourmillant d’ombre. Isolé de l’agitation qui l’entoure. C’est là, dans cet espace empli d’échos, que la Compagnie du Théâtre en Pièces a installé le dispositif scénique du Très Bas.
Le Très Bas raconte François d’Assise, saint de l’église catholique connu pour sa foi exigeante qui le mena vers la joie de la vie simple, de la pauvreté, du dépouillement et de l’admiration de la création divine qu’il consacra à la nature. François, douze siècles après Jésus, décida de suivre la parole du christ qui incitait à se défaire du matériel et de préférer la pauvreté à la richesse et à l’accumulation de biens terrestre. Un message que notre époque consumériste à fait taire depuis longtemps sous le déluge des biens de consommation offert chaque jour sur nos écrans.
C’est l’enfance et la jeunesse de François que raconte Le Très Bas. Une naissance dans une famille de marchands de tissus du centre de l’Italie (qui n’existait pas encore) qui le destinait à prendre la relève du père dans la boutique, rien ne le prédestinait à la sainteté. Même s’il commença à se passionner pour la restauration des églises du voisinage dès qu’il fut en âge de travailler. Peut-être est-ce cette perspective derrière un comptoir à vendre, acheter et additionner des colonnes de chiffres et des montagnes de rouleau de tissus qui le poussa part la suite à prôner la pauvreté ?
Publié en 1992, le roman de Christian Bobin d’où est extrait cette pièce, est empli de poésie simple et abordable. C’est une biographie imaginaire qui tente d’éclairer sur la beauté du monde et de la vie. La scène, disposée en bi-frontale, est composée essentiellement d’une bande de terre fraîche, symbole de la nature, de la vie et de la mort. Les voûtes de l’église pour ciel et les vitraux éclairés dans l’alignement, servent de décor.
La mise en scène d’Emmanuel Ray partage les mots de Christian Bobin entre Saint François, incarné par Fabien Moiny, d’une vérité impressionnante, et deux comédiennes, Mélanie Pichot et Stéphanie Lanier, qui seront les deux narratrices. Elles sont également des passeuses d’histoire et de grâce, vêtues d’habits contemporains, joueuses et dansantes durant certains moments chorégraphiés. Les accompagne une violoncelliste, Léa Bertogliati, dont les notes profitent de l’acoustique de l’église pour élargir l’espace sonore et multiplier les sons.
La beauté de ce spectacle tient peut-être dans la suspension qu’il représente au milieu du tumulte du monde. Une parenthèse poétique et sensible qui ouvre l’esprit au bonheur de prendre ce qui nous est donné et d’ouvrir les yeux au monde qui nous entoure.
Bruno Fougniès
Le Très Bas
De Christian Bobin
Mise en scène Emmanuel Ray
Avec Mélanie Pichot, Fabien Moiny, Stéphanie Lanier, Emmanuel Ray
Création musicale et sonore Tony Bruneau
Création musicale et interprétation Léa Bertogliati
Régie lumière et son Emmanuel Ray
Chargée de production Françoise Chamand
Mis en ligne le 5 octobre 2025
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