PLUS JAMAIS MOZART
Fabrik Théâtre
Michael Morpurgo, auteur britannique de renom, nous emmène à Venise. Venise, la cité des masques où les masques vont tomber pour libérer une douleur profondément tatouée. C'est aussi un endroit calme, hors du temps où les langues vont se délier grâce à la jeune journaliste mandatée par sa rédaction.
Une interview du célèbre musicien Paolo Lévi. Cette débutante a reçu une consigne surprenante : ne pas mentionner sa famille ni Mozart. Paolo Lévi respecte un souhait de son père, va-t-il s'en affranchir, maintenant que le délai est atteint ?
Nous sommes dans son bureau, il a une allure sévère mais finalement il finit par s’amadouer, et peu à peu il se confie. Son père est boulanger mais il cache quelque chose, sa mère est également dans le déni. C'est cependant elle qui lui ouvre la porte de leur histoire. Il trouve un mentor au son d'un violon et le voile tombe complètement. Une histoire horrible comme tant d'autres lors de la Shoah : la bibliothécaire d'Auschwitz, le tatoueur d'Auschwitz. Ce drame nous est racontée ici avec pudeur, dignité et souffrance. De la beauté musicale de Venise nous arrivons à l'innommable cité des cris d'Auschwitz.
Martin Kamoun incarne Paolo Lévi et son père. Sa justesse et son intensité nous émeuvent profondément.
Christine Gaya, sa mère sur scène est beaucoup moins secrète, elle se confie pour le bien-être de son fils. Elle incarne aussi avec brio la rédactrice en cheffe qui n'a surtout pas envie de se frotter au musicien.
Caroline Ruiz est la jeune journaliste, un peu perdue, tête en l'air mais pleine de vie, d'empathie et de franchise.
Un grand bravo aux fusains et aux autres excellentes animations projetées sur les parois de la scène, ces décors nous immergent avec pudeur, passion et réalisme dans Venise et Auschwitz.
Un spectacle exceptionnel issu d'un roman mais totalement imprégné des vérités et des stigmates de la Shoah. Il est accessible à tous et suscite une fois encore une réflexion sur la Shoah et ses conséquences qui traversent les générations. Pour combien de temps encore nous pencherons-nous sur les origines des génocides ?
Dominique Meslé
Plus jamais Mozart
D’après le roman de Sir Michael Morpurgo
Mise en scène : Jean-Louis Kamoun
Adaptation : Bénédicte Debili & Jean-Michel Renaud
Avec : Christine Gaya, Martin Kamoun, Caroline Ruiz
Mis en ligne le 3 août 2025
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