Entête

LA PART SOMBRE

 

Théâtre La Reine Blanche,
2 bis, passage Ruelle
75078 – Paris

Jusqu’au 9 octobre
Mardi 30 septembre à 21h00, Jeudi 2 octobre à 21h00, Samedi 4 octobre à 20h00, Jeudi 9 octobre à 21h00

 

loupe 

 

Que se passe-t-il quand la part sombre, cette partie de chacun de nous, bien cachée au fond de nos consciences, que se passe-t-il lorsque cette part sombre sort de l’ombre ? C’est l’aventure vertigineuse à laquelle nous invite Maï David. Un voyage dans l’intime et l’immaîtrisable surgissement de la folie. Un récit inspiré par sa propre vie.

Une vie qui se déroule tout à fait normalement à l’origine : une formation de comédienne puis une carrière qui commence bien, une vie amoureuse qui s’établit, des projets, des rôles, et puis des moments de vulnérabilité où la violence des autres la blessent terriblement et puis des voix qui se mettent à parler de plus en plus fort dans son cerveau. Voix de proches, voix d’enfances, réprimandes, ordres, qui se font de plus en plus intenses, de plus en plus impérieux. Et toute cette vie bascule soudainement dans la schizophrénie.

Maï David incarne les différentes périodes de cette chute en enfer avec une délicatesse extrême. Elle attire le public par un murmure, calme, prudent. Elle l’invite à la suivre sur les traces de son passé, de ruptures en ruptures, d’effondrements en effondrements, depuis la liberté jusqu’à l’internement dans l’asile psychiatrie de Sainte-Anne. Et pourtant cette épopée des puissances occultes de l’esprit n’est ni mortifère, ni vraiment tragique, elle reste haletante de bout en bout.

Le texte et la mise en scène (Gaëlle Héraut), fluides, permettent à la comédienne de passer de scène en scène sans temps inutiles. Une narration rythmée dans laquelle Maï David démontre un talent rare de comédienne qui, avec une apparente simplicité, la transfigure littéralement. Aidée par les lumières précises de Nolwenn Delcamp-Risse, elle semble changer de visage indéfiniment passant d’un air juvénile à une dureté soudaine des traits, de la beauté à la dureté, ajoutant ou effaçant les années comme à sa guise. Il y a dans cette grande heure de spectacle une magie qui se dégage et provoque l’attention, la suspension. La fragilité des âmes semble en permanence fourmiller dans la salle comme le scintillement d’un ciel nocturne sans nuages.

Ni voyeurisme, ni complaisance dans ce spectacle, que j’ai du mal à nommer ainsi tant il est particulier, différents des autres spectacles autobiographiques, unique dans sa forme et son rendu. Maï David avec la mise-en-scène sur mesure de Gaëlle Héraut (qui cosigne le texte) parvient à rendre à la folie sa place dans la vie ordinaire, les dangers qu’elle nous tend et l’ultra-sensibilité qu’elle provoque. Elle déploie ainsi un beau plaidoyer pour la fragilité de nos âmes. L’individuel se mêle soudain à l’universel. Elle touche en tous ces moments de vie où celle-ci échappe, ou bien lorsqu’elle devient insupportable d’absurdité et de souffrance. On en guérit, dit-elle. Elle le prouve ici avec art et générosité.

Bruno Fougniès

 

La Part sombre

Texte : Maï David et Gaëlle Héraut
Mise en scène : Gaëlle Héraut

Jeu : Maï David

Lumières : Nolwenn Delcamp-Risse

 

Tournée

Brest en octobre et décembre 2025

Les 10,11,12,13 février 2026 au CDN de Nancy La Manufacture.