BRITANNICUS TRAGIC CIRCUS

 

Théâtre du Balcon - Avignon Off
38 Rue Guillaume Puy,
84000 Avignon
04 90 85 00 80

du 7 au 30 juillet à 19h55

 

Britannicus Tragic Circus loupe Photo © Olivier Brajon

 

Drôle de machine. Mécanique infernale qui vous happe dès avant l’ouverture du rideau (qui n’existe pas). Dès les premiers mots en vérité de ce monsieur Loyal qui ne l’est pas mais qui est fagoté comme un vrai, avec quelques négligences qui donnent la puce à l’oreille. Lui qui vient tranquillement s’accoter en bord de scène pour glisser au public un petit prologue plutôt facétieux. Qui égratigne un peu aussi, soyons clairs. Ne nous dit-il pas que le spectacle auquel nous allons assister s’intéresse à un monstre, oui, Néron, qui assassina suivant les chroniques romaines, mère et frère pour s’emparer du pouvoir. Bref, ne dit-il pas à son public que monstres sur scène sont bien pareils aux monstres qui sommeillent en chacun de nous : cette part de nature longuement  pétrie, rabotée, lissée par des décennies d’éducation mais qu’on conserve soigneusement au fond de nos têtes. Oui, voilà le bonhomme qui ouvre le spectacle et lance cette mécanique qui nous emporte dans un seul souffle jusqu’à la fin. Alors…

Entrons dans le cirque réinventé de ce spectacle qui nous raconte l’histoire de Britannicus et de son demi-frère Néron, de sa mère Agrippine, de Junie la fiancée de Britannicus que Néron enlève, et convoite. L’histoire antique de Rome se retrouve incarnée par ces personnages d’un cirque improbable qui jouent scène après scène sous le fouet et les harangues de ce monsieur de moins en moins Loyal, directeur de ce théâtre et dresseur d’humains. Un univers un peu fou s’installe. La démesure prend toutes les chairs. Une démesure à la hauteur de l’histoire qu’ils racontent.

Britannicus est dans les griffes du complot d’Agrippine et de Néron pour faire de ce dernier l’empereur de Rome suite à l’assassinat de son père. Comme un effroyable fait divers dans les hautes sphères. Mais la fantaisie fantastique des Épis Noirs joue de ces noirceurs, de ces terribles actes, enlèvement, emprisonnement, empoisonnement. Tous les traits saillissent en scènes déjantés, en répliques fabuleuses et en chansons.

Tant musical que chorégraphié qu’éblouissant de costumes, de maquillages multicolores, de clins d’œils à se tordre de rire ce Tragic Circus sous ses allures de drame cache un humour dévastateur. Ne sommes-nous pas dès le début rendu en 68… après JC. Le texte et les chansons fourmillent de jeu, de saillies, de piques qui font monter les larmes de rire aux yeux. C’est 1 heure 30 qui passe ainsi à la vitesse du son et laisse au fond du ventre une douce sensation de satiété.

Le texte de Pierre Lericq (également ce monsieur Loyal, metteur en scène et compositeur) est truffé à parts égales de références historiques, de scènes explosives et d’humour décapant. Quant aux autres interprètes, ils sont acteurs, chanteurs, musiciens, ils se donnent à fond, créent chacun des personnages extrêmes, aussi fous à l'intérieur que le sont leurs costumes (de Chantal Hocdé Del Pappas) et leurs maquillages. Et cela joue toujours sur le fil de l’excès qui fait que l’on y croit tout en se demandant : jusqu’où vont-ils aller ?

Mais tout cela n’est pas seulement gratuit. Tout au long de cette aventure autant musicale que théâtrale, ce thème de cette part d’ombre qui rampe en chacun de nous continue de résonner et de donner à cette histoire un sens qui touche et interroge.

Bruno Fougniès

 

Britannicus Tragic Circus

Texte, mise en scène et musique originale de Pierre Lericq

Avec Jules Fabre, Pierre Lericq, Gilles Nicolas, Tchavdar Pentchev, Marie Reache, Juliette de Ribaucourt,

Assistante mise en scène Bérangère Magnani
Scénographie Yves Kuperberg
Lumière François Alapetite
Son Jules Fernagut
Costumes Chantal Hocdé Del Pappas
Une création de la compagnie Les Épis Noirs