TROPIQUE DE LA VIOLENCE

 

Théâtre de la Cité Internationale
 17 Bd Jourdan
75014 Paris   
01 43 13 50 50

Jusqu’au 24 septembre 2021.
Lundi, vendredi à 20h. Mardi, jeudi, samedi à 19h.
Dimanche à 16h30.
Relâche mercredi.

 

Tropique de la violence loupePhoto © Victor Tonelli 

 

 L'auteur du roman, Nathacha Appanah est mauricienne mais a séjourné à Mayotte. De là, elle a rapporté une vision de la violence qui règne sur l'île, notamment parmi la jeunesse.

C'est tout un pan de la mémoire et du présent de l'ïle qui va s'incarner sous nos yeux ... avec l'histoire de Moïse. Moïse, c'est cet enfant noir "volé" par une infirmière blanche et élevé par elle. Il est d'emblée en porte à faux. Devenu grand, il se révolte. Et il se révolte à la fois contre sa vie, la misère et ce caïd surtout, qu'il vient de tuer. Tout le spectacle sera un long flash-back sur ce qui a amené Moïse à commettere l'irréparable.

Il faut préciser qu'il existe à Mayotte un bidonville, un immense et misérable bidonville surnommé Gaza (pour les raisons qu'on imagine).

Bruce, le caïd n'est qu'une victime, entre autres, d'un système, ce qui ne l'empêche pas de se glorifier de son rôle. Moïse reste très attaché à sa mère, qui lui apparaît à plusieurs reprises. Il est soutenu par un humanitaire qui a fondé une petite bibliothèque : le courant passe entre l'homme et l'ado. Mais Bruce (alias "le king de Gaza) harcèle Moïse : il lui faut asseoir sa puissance sur tout le monde, y compris ceux qui n'adhèrent pas a priori. Bruce le lui répète : — T'es comme moi, t'es noir ! Ailleurs, il lui reprochera "ses paroles blanches". 

La tension monte après des violences de Bruce contre  l'humanitaire, puis contre Moïse lui-même.

Mais ce résumé de l'histoire de Nathacha Appanah ne peut être qu'un pâle reflet de ce qui se passe sur scène : il faut dire que le metteur en scène utilise (et maîtrise) différentes formes . Il y a de la musique (musiciens présents en scène, notamment un batteur très inspiré) et de la vidéo (pour une fois très bien utilisée, puisqu'elle nous permet de voir, de près, les personnages, ainsi que des plans tournés à Mayotte même). La danse et le chant sont des éléments "signifiants" et concourent à la qualité de l'ensemble.

On est pris par le jeu très tendu, très physique, des comédiens, Alexis Tieno (Moïse) et Mexianu Medenou (Bruce) en tête. Le rythme évolue : parfois dans la rapidité, parfois dans l'attente, la suspension du temps.

Soulignons la beauté du décor qui se renouvelle et fait exister plusieurs lieux, avec une importance symbolique accordée à l'eau. Les lumières sont elles aussi efficaces faisant apparaître et disparaître des éléments de décor et surgir les personnages.

Que dire de plus, sinon que ce spectacle est vivement recommandé : comme un témoignage engagé, et surtout comme un spectacle beau et fort.

Gérard Noël

 

Tropique de la violence

D'après le roman : Tropique de la violence de Nathacha Appanah
Adaptation et mise en scène : Alexandre Zeff
Scénographie et lumières : Benjamin Gabrié       
Collaboration artistique : Claudia Dimier
Création vidéo : Muriel Habrard, Alexandre Zeff
Création musique et son : Guillaume Callier, Mia Delmaë, Yuko Oshima, Vincent Robert
Costumes : Sylvette Dequest
Maquillage et effets spéciaux : Sylvie Cailler, Violette Conti
Collaboratrice chant : Anaël Bensoussan
Chrorégraphie de combat : Karim Hocini
Assistants vidéo : Jules Beautemps, Sarah Jehane Hedef
Assistante à Mayotte : Anne-Laure Mouchette
Régie plateau et coordination : Damien Rivalland
Assistante mise en scène et dramaturgie : Leslie Menahem
Assistante mise en scène et coordonatrice : Cécile Cournelle
Stagiaire mise en scène : Adèle Sierra         
Régisseur général : Sylvain Bitor
Régisseur son : François Vatin
Constructeur décor : Suzanne Barbaud, Yohan Chemmoul, Benjamin Gabrié

Avec : Mia Delmas, Thomas Durand, Maxianu Medenou, Alexis Tieno, Assane Timbo.

Musicien : Damien Barcelona