Entête

L’AVARE

 

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu’au 20 octobre 2024
Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 16h

 

L’Avare loupe

 

 

Il y a quelques années, John Arnold jouait Cléante aux côtés de Michel Bouquet en Harpagon. Du temps a passé. Le voici à présent qui hérite du rôle-titre de l'Avare. Et c'est une bonne surprise : il y est roublard, naïf, indécrottablement ladre, bien sûr et c'est un pur bonheur que de le voir jouer.

Passons, tout d'abord sur le dispositif qui consiste à demander aux spectateurs d'apporter vêtements ou objets devant servir sur scène. Le tout partira ensuite vers des associations d'aide. C'est un "gimmick" généreux, certes, mais qui fait long feu.

La pièce, donc : étrangement, la scène est encombrée de portants, d'étagères métalliques autour desquelles s'affairent de nombreuses personnes. On avait connu les entrées et sorties "à vue", là, c'est toute la machinerie extérieure qui est donnée à voir au public. Pourquoi pas ?

Les comédiens s'habillent, donc, de bric et de broc, costumes approximatifs qui ne nuisent en rien à leur conviction et à leur vraisemblance. Et puis John Arnold arrive : venant du public, il entre en scène en avare, c'est à dire avec les cheveux gris et longs, une barbe, et le costume du personnage. Ici, c'est lui qui va tirer le reste de la distribution dans son univers du XVIIème siècle, vers un avare que l'on n'espérait plus trop.

On appréciera la mise en scène nerveuse de Clément Poirée, son sens de l'espace et l'utilisation qu'il fait de ces fameux portants et surtout des éclairages, manipunés par l'un ou l'autre des comédiens, voire un technicien, promu également comédien pour la circonstance.

La pièce s'ouvre, de façon curieuse, sur l'énoncé des dettes que Cléante a contractées, liste longue annonçant une des scènes-clés (fort réusie) de la pièce. Et puis un couple est en scène, Valère et son amoureuse, ci-devant fille d'Harpagon.

— Eh quoi, charmante Elise, vous devenez mélancolique... lance-t-il. Ça y est, la pièce a démarré.

Valère, justement, est joliment joué par Nelson-Rafael Madel. Beau travail également (justesse et autorité) de Pascal Cesari en Cléante. La jeune Mathilde Auneveux (Élise) est aussi très convaincante. On gardera pour la bonne bouche la truculente Frosine que campe Anne-Élodie Sorlin. C'est elle, en plus, qui improvise avant que ne commence la pièce, pour permettre la remise des "dons" des spectateurs et leur installation.

Un spectacle prenant, qui adopte le parti-pris de l'originalité, mais sans rien renier des fondamentaux : on y retrouve bel et bien et avec un  bonheur certain, le texte de Molière.

Gérard Noël

 

L’Avare

De Molière
Mise en scène : Clément Poirée
Collaboration à la mise en scène : Pauline Labib-Lamour
Scénographie, accessoires : Erwan Creff assisté de Caroline Aouin
Lumières : Guillaume Tesson assisté de Marine David
Costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy et de Malaury Flamand
Musique, son : Stéphanie Gibert assistée de Farid Laroussi 
Maquillage, perruques : Pauline Bry-Martin assistée de Sylvain Dufour
Régie générale, régie plateau : Yan Dekel
Habillage Émilie Lechevalier, Solène Truong 

Avec John Arnold, Mathilde Auneveux, Pascal Cesari, Virgil Leclaire, Nelson-Rafaell Madel, Laurent Ménoret, Marie Razafindrakoto, Anne-Élodie Sorlin