MANUEL PRATT, BIZUTAGE DU MONDE D’APRÈS

 

La Factory/Théâtre de l’Oulle

le 19 juin à 20h

 

Manuel Pratt, bizutage du monde d’après loupe 

 

Un électron libre qui tape sur tout ce qui le gêne, sans mesure avec application et précision. S’il s’est fait virer de France Inter ça ne lui a pas coupé sa chique, il poursuit en surfant sur les personnages de la vie, ceux du quotidien, ceux de tous les jours, ceux que l’on côtoie et que l’on croise.

Il démontre la crasse humaine, le manque d’humanité, la veulerie. Il stigmatise l’être humain qui a perdu toute son humanité et n’est plus qu’une coquille vide. Tel cet avignonnais qui transforme son taudis en salle de spectacle. Il est bien près de la réalité... un mode de fonctionnement trop connu, trop vrai. Un mode d’être qui a sévi il y a quelques années avec ses projos dépassés et son congélo/clim, éléments d’un décor qui se veut professionnel.

Manuel Pratt tire à bout portant, n’épargne personne même pas son gastroentérologue lors de son examen en profondeur où la relation humaine est à son apogée. Il n’évite pas davantage les ehpads et leurs lots de situations douloureuses, leur cohorte de décès et la tristesse au quotidien dans un univers déshumanisé.

On est après la pandémie, on panse ses plaies, on se cherche.

Et il nous plante quelques artistes en quête d’eux-mêmes perdus dans un vocabulaire qui les dépasse, noyés dans les idiotismes qui encombrent leurs têtes.

Manuel Pratt est un comique à part qui ne mâche aucun mot, c’est cru, très nature même pas haché c’est brut et ça tape, ça tape fort.

Sa partenaire et compagne qui partage ce spectacle Ludivine Mounier Vincent est dans le droit fil des invectives de Manuel, elle a le décalage, l’aisance et la souplesse qui collent au personnage. Elle est à côté de lui comme son prolongement.

Elle distille avec art la pensée de l’auteur, on la croirait inventée pour ce rôle.

La carte blanche qui leur est donnée est vite remplie et dégouline rapidement.

La salle comble (dans les règles prévues) de la Factory/théatre de l’Oulle était pendue à leurs lèvres et réagissait comme un public habitué qui vient voir un auteur connu. Un beau moment fort agréable ce qui est bien rare dans ce milieu de l’humour où trop d’incapables polluent les scènes.

Jean Michel Gautier

 

Manuel Pratt, bizutage du monde d’après