L’OCCUPATION

 

THÉÂTRE DES HALLES
Scène d’Avignon – Direction Alain Timár
4 rue Noël Biret
84000 Avignon
0432 762 451

le samedi 3 octobre à 20h

 

loupe 

 

L'Occupation
Quand la jalousie dévaste tout.

 

Seule sur la scène une femme dans la quarantaine se dévoile, se met à nue. C'est une sorte de lente agonie, une plongée dans le royaume de la jalousie, un long déchirement. Elle vient de quitter son amant après cinq années de vie commune voulant se donner un peu d'air, une respiration. Mais la vie est faite ainsi qu'elle ne se déroule pas comme on le prévoit car l'ami en question va se mettre en ménage avec une autre, il va l'oublier et surtout s'occuper de sa nouvelle conquête. Et à ce moment-là notre quadragénaire n'arrive plus à vivre, elle est obsédée par cette personne elle veut savoir qui elle est, où elle vit , ce qu'elle fait... sa vie devient un enfer. Ses jours, ses nuits sont envahis par cette personne dont elle ne sait rien mais qu'elle voudrait tant connaître...

Elle a beau se torturer, se questionner, faire des supputations, elle n'aboutit à rien, elle se retrouve toujours seule face à ses interrogations. Elle est envahie, occupée littéralement par cette femme.

On la sent fondre, se liquéfier sous les poussées de sa jalousie, elle n'arrive plus à vivre, elle est comme en suspens au-dessus d'un magma informe.

Pierre Pradinas a imaginé une mise en scène sobre où l'actrice s'adresse au public, dévide son malaise se répand sans pudeur se flagelle entre un micro et une harpe. Sur scène pour appuyer le discours un musicien Christophe « disco » Minck crée un climat sonore à la manière des films, les mots sont enveloppés avec habileté par les musiques issues d'une harpe, d'un piano, d'une basse ou d'un synthétiseur, pas de blanc... le climat est assuré avec harmonie à chaque instant.

Les éclairages d'Orazio Trotta sont délicats, précis. Ils sont là juste pour sublimer le personnage.

On aime cet individu torturé, envahi par le désespoir mais si vrai criant de vérité, dont on mesure la douleur .

Romane Bohringer est sublime, elle incarne avec une justesse sans borne cette héroïne, elle lui donne une vie si intense, si naturelle qu'on peut la suivre dans les méandres de son désarroi. On prend faits et causes pour elle, on marche dans sa lente descente aux enfers. Elle est la femme qui souffre et ne sait plus où s'agripper pour maintenir sa tête hors de l'eau.

Si le texte d'Annie Ernaux est magnifique il est royalement mis en scène et interprété pour notre plus grand plaisir.

Jean Michel Gautier

 

L'Occupation

Texte d’Annie Ernaux publié aux éditions Gallimard.
Mise en scène : Pierre Pradinas

 Avec Romane Bohringer et Christophe « Disco » Minck

Musique originale : Christophe « Disco » Minck
Scénographie : Orazio Trotta/Simon Pradinas
Lumières : Orazio Trotta
Images : Simon Pradinas
Son : Frédéric Bures
Maquillage/Coiffure : Catherine Saint-Sever
Assistants à la mise en scène : Aurélien Chaussade et Marie Duliscouët