LE FACTEUR CHEVAL OU LE RÊVE D’UN FOU

 

Théâtre des Halles, jardin
Rue Noël Biret
84000 – Avignon

du 7 au 30 juillet

à 11h00

Relâches les 13, 20, 27 juillet

 

Le Facteur Cheval ou le rêve d’un fou loupe 

 

On connaît tous la vie du célèbre Monsieur Cheval, ce fils de paysan, devenu le facteur de son village. Lors d’une de ses tournées, au détour d’un chemin, il trouve une jolie pierre, la ramasse et ce seront des brouettes entières qui suivront. Il vit avec une femme aimante et patiente, et devant tant de drames qui vont jalonner leur vie, il va refouler son chagrin, ses émotions. Il paraît un peu rustre, un taiseux au cœur tendre qui n’a pas appris à dévoiler ses sentiments mais à les contrôler, à les oublier. Un jour, en 1879, on parlerait à ce jour de thérapie, d’exutoire, il va poser la première pierre et les suivantes pendant les trente années qui suivront. En sortira un palais de douze mètres de haut, qui depuis 1969 est classé au titre des monuments historiques.

Trente ans de sa vie à construire ce monument pour tenter de se reconstruire, de rester debout, lui qui a tout perdu. Un artiste doué du génie de l’architecture, de la poésie et d’une volonté à toute épreuve.

Fallait-il être illuminé, fou, passionné ou inadapté au monde ? Ce récit de Nadine Montfils célèbre le souffle poétique qui l’entoure et nous ne pouvons pas y rester insensibles.

Il a un voisin, un peintre qui vit seul et qui de confidences en confidences va se raconter... et de là se jouera une histoire, une analyse de la condition humaine. Attendre continuellement quelqu’un que l’on ne connaît pas, que l’on imagine donne de l’espoir, devient une raison de vivre... portrait du vide aussi. Entre réalité et fiction, ce spectacle est très émouvant. 

Comment ne pas être insensible à son histoire…

Nous sommes dans la cour du Théâtre des Halles et il est plus facile d’imaginer les chemins rocailleux de la Drôme provençale, là où le facteur Cheval a construit son œuvre, que si nous étions enfermés dans une salle de théâtre climatisée.

Une histoire vraie où la fiction se mêle par touches délicates entre tragédie et beauté, un mélange qui paraît si réel et où l’émotion est toujours palpable.

Là, la justesse des sentiments mais aussi leur violence trouvent crédibilité et force dans la sobriété élégante de la mise en scène d’Alain Leempoel.

Eliott Jenicot tel un passeur d’histoire nous transmet ce récit de façon grandiose Son jeu est authentique, d’une rare finesse, d’une grande précision et surtout distille une puissante émotion.

Entre sensibilité et pudeur, sa performance d’acteur est bouleversante. En pointillé, le plasticien comme un effet miroir se déplace et illustre le travail réalisé en utilisant la chaux, le bois, la pierre. Une ode à l’art et à la matière.

Une très jolie pièce qu’il faut aller voir

Fanny Inesta

 

 

C’est à Hauterives dans la Drôme provençale que monsieur Cheval s’est installé. Après avoir été boulanger il passera le concours de facteur. La journée, il ramassait ou mettait de côté lors de sa tournée tous les cailloux qui lui semblaient dignes d’intérêt. Un intérêt qui lui appartenait d’ailleurs. Un intérêt que lui seul avait.

C’était un homme habité, qui a dû affronter bien des situations douloureuses mais qui fonçait sans trop regarder où il mettait les pieds plus préoccupé par sa mission : construire un palais.

Il avait une résistance hors du commun, dormant peu, mangeant frugalement, il était facteur et sa tournée finie, il reprenait le chemin pour aller ramasser des cailloux

Marié plusieurs fois, veuf tout autant, il va aussi perdre tous ses enfants… mais rien ne l’a arrêté dans sa création du palais, de son palais, monument exceptionnel de douze mètres de haut et vingt-six de long qui sera classé monument historique par la suite.

Bien des gens le traiterons de fou, car bâtir un monument pareil quand on n’a aucune formation dans le domaine ça paraît bizarre pourtant il fallait qu’il ait bien les pieds sur terre pour créer ce qu’il a créé, car son palais tient encore debout. Un homme hors du commun assurément.

Tout ce qu’il a érigé appartient à l’art naïf. On a voulu le présenter comme fou, il aurait été classé « asperger ». Mais sa création est loin d’être celle d’un fou, bien au contraire.

Cette création est unique, elle s’appuie sur une vision du monde sans limites, sans cloisonnement, une réalisation hors norme et pleine de poésie, source de création.

Dans la pièce de Nadine Monfils, il aborde son voisin, peintre taciturne et silencieux, puis la fille de cet homme. Partie fictionnelle pour mieux cerner le facteur, est-ce de la fiction ou la réalité ?

La mise en scène est fluide, dans cette évocation de décor, le jeu du comédien est au centre de tout avec un bonheur inouï.

Suite à la maladie du comédien prévu à l’origine à l’origine, il a fallu le remplacer au dernier moment (trois semaines) c’est un pari osé dont Elliot Jenicot se sort de manière merveilleuse. Ses enchaînement derrière la souffleuse sont chargés d’humour et tout glisse fort bien… pas du tout gênant pour ses oublis. Du beau travail de comédien. Il faut saluer le jeu de l’acteur qui est excellent, il incarne le facteur à la perfection… Bravo. J’ai beaucoup aimé cette pièce où souffle toute l’âme du facteur Cheval.

Jean Michel Gautier

 

Le Facteur Cheval ou le rêve d’un fou

d’après le rêve d’un fou de Nadine Monfils

Mise en scène : Alain Leempoel

Avec Eliott Jenicot

Accompagné du plasticien : Philippe Doutrelepont

Scénographie : Noémie Vanheste

Costumes : Virginie Delvaux

Illustration affiche : CharElie Couture