ATIKTÉ

 

Albatros Théâtre
28 rue de Teinturiers
84000 – Avignon

du 19 au 31 juillet
à 12h

 

Atikté loupe 

 

Dans le cabinet d’une psychanalyste, un patient est en proie à des douleurs et des crispations qu’il attribue à une statuette qu’il a baptisée Atikté, dont il affirme être l’auteur. Pourtant cette statuette est bien connue, c’est une danseuse de Degas.

Le face à face entre la psychanalyste et le patient, fait ressurgir de vieux démons. On découvre qu’elle est Juive allemande. Lui, il est Palestinien mais a été élevé par des Juifs allemands, ils ont donc un fond commun, une histoire proche, une même langue... se pose alors la question de la mémoire et aussi de l’identité pour déboucher sur la question fondamentale de l’individu.

La danse devient alors le centre du dispositif, avec cette danseuse qui entre et sort de son module de tulle blanche et se met en opposition aux mots par le silence des gestes et l’expression du corps.

La pièce est conçue comme une enquête fouillant la mémoire de la psychanalyste et du patient qui se retrouvent face à face en miroir. Tous les deux englués par leur passé, face à leurs questionnements.

Pièce déroutante, chargée de sens, interprétée avec pudeur et sensibilité par Morgane   Lombard qui campe une psychanalyste avec justesse et exactitude. Fred Fortas, le patient palestinien est touchant dans sa difficulté à exister, dans sa quête existentielle.

La danseuse Manuelle Robert, avec délicatesse apporte une note de fraîcheur, d’évasion dans la complexité du récit. Elle prolonge l’action, on rejoint Degas qui plane au-dessus du jeu.

La scénographie est très réduite, une table basse avec la statuette posée en son centre, deux fauteuils et un parallélépipède de tulle où se réfugie la danseuse lorsqu’elle ne danse pas. Tout est dans les mots et l’expression du corps de la danseuse.

Le jeu scénique est fait de discussions entre le psy et son patient entrecoupé de phases de danse. Le temps passe et on se dirige vers la fin de la psychanalyse, le palestinien va mieux, il quitte la psychanalyste. Elle garde la sculpture et lui offre un bloc de pierre pour qu’il puisse le sculpter.

Pièce puissante, qui nous emmène loin de tout, à voir absolument.

Jean Michel Gautier

 

Atikté

Texte et mise en scène Alain Foix

Avec Morgane Lombard et Fred Fortas

Chorégraphie et danse Manuèle Robert