Entête

MAUVAISE PETITE FILLE BLONDE

 

Studio Hébertot
78 Boulevard des Batignolles
75017 Paris
01 42 93 13 04

Jusqu’au 8 avril 2023,
jeudi, vendredi, samedi, à 19h

Mauvaise petite fille blonde loupe

Photo © Philppe Hanula

 

Pierre Notte est un auteur qui compte. Et qui mène son bout de chemin, fait de singularité et de constance. On a aimé certaines de ses pièces antérieures. Là, se serait-il fourvoyé ?

Le thème, du spectacle, tout d'abord : il s'agit du monologue d'une petite fille... qu'on veut bien croire blonde. Elle a, on ne saurait dire, entre 7 et 10 ans. Le début de tout cela, c'est quand elle renverse, par mégarde, la sébille, la soucoupe d'un SDF. Le pied qui frappe, la soucoupe qui tombe, les pièces qui roulent et la mère qui les ramasse.

L'ensemble se présente comme une suite de petite scènes. La petite fille rentre chez elle. Elle évoque son petit frère Mattéo "qui ne sait pas utiliser une fourchette". Il y a des choses "sous la ceinture", dont elle s'interdit de parler tout en les évoquant. Elle vit d'autres moments de sa vie, de façon chronologique. Nous sommes lundi puis mardi, etc. Pourquoi pas ? Elle a, nous montre-t-on, la naÎveté puis la cruauté de son âge... et nous détaille ses copains et copines d'école avec commentaires acerbes à la clé. Elle fait aussi, parfois, des rêves bizarres : elle voit les gens tout bleus et tout mous.

On comprend ce que Notte a voulu faire : un portrait ou plutôt un anti-portrait de la petite fille idéale. Ici, elle est "mauvaise", comme le titre semble l'indiquer.

Des petites filles méchantes, on en a croisées, sur les scènes. La comédienne Zouc était déjà dans cet univers-là... et son personnage était autrement féroce et inquiétant.

L'originalité, c'est que l'auteur a choisi de faire jouer le rôle principal par un homme, torse nu, affublé d'un tutu de danse et de baskets.

On voit tout de suite, l’idée, le concept : le comédien (excellent par ailleurs) ne minaude pas, il transforme légèrement son timbre et sa "petitefillitude", c'est dans la diction qu'il la transmet, ainsi que dans les intermèdes où il danse, léger, quelques pas de classique.

Quand il est bras ballants, la magie retombe : il joue donc presque tout le texte avec les bras en l'air, dans des poses à la fois gracieuses et quelque peu artificielles. On nous donne à voir un corps d'acteur masculin adulte en y plaquant un discours de prétendue petite fille. Le procédé n'est pas inintéressant, mais il ne débouche sur rien.

Et si ce n'était qu'une bonne idée de départ ?

L'auteur est en même temps le metteur en scène, ce qui n'est pas forcément recommandé. Antonio Interlandi, le comédien, suit donc pied à pied le texte de Notte et l'ensemble ne décolle jamais vraiment.

On ne parlera pas de chef-d'oeuvre ni de spectacle profond et prenant, pour une fois, mais d'une tentative inaboutie. Dommage.

On attendra donc, avec intérêt, le prochain "opus" de Pierre Notte.

Gérard Noël

 

Mauvaise petite fille blonde

Texte et mise en scène : Pierre Notte.

Avec : Antonio Interlandi

Costume : Alain Blanchot
Lumières : Antonio de Carvalho