Entête

LES FEMMES DE BARBE-BLEUE

 

Théâtre Paris-Villette
211 av. Jean Jaurès
75019 Paris 
01 40 03 72 23

Jusqu’au 30 mars 2022
à 20h (sauf le 25 à 19h et les dim 20 et 27 à 15h30)

 

loupe

Photo Simon Gosselin

 

On gagne toujours à emprunter une histoire déjà connue. Il peut s’agir d’un texte litétraire... ou d’un conte, comme ici. Le public s’y retrouve et l’on peut y apporter, mine de rien, une relecture, voire une approche ou une thématique personnelle.

C’est en gros ce qu’a fait Lisa Guez dans cette création collective. Et elle a bien fait : en effet, elle imagine la cinquième épouse... de nos jours. Elle vit entre frigo et ordi, elle a un portable. Seule constante, son mari barbu part en lui laissant une mystérieuse petite clé qu’elle ne doit pas bien sûr utiliser, car c’est la clé d’une petite pièce que, qui...

Elle le fait.

Apparaissent alors quatre épouses défuntes de Barbe-Bleue (car c’était lui, comme on disait dans les romans populaires).

L’occasion d’interroger des processus de séduction, de voir ce que la femme plaque sur "l’autre", car les hommes évoqués sont différents. De voir comment l’amour-passion se mue en relation destructrice... jusqu’à la mort.

Les comédiennes sont, chacun à leur façon, inspirées. Brillantes. On appréciera également la solidarité féminine qui les fait intervenir dans l’histoire d’une autre pour essayer d’imaginer ce qu’elle aurait pu dire ou faire... comment, enfin, elle aurait pu inverser le mouvement.

Des références dans ce spectacle : au syndrome de Stockolm, au livre Femmes qui courent avec les loups de  Clara Pinkola Estès, à la psychanalyse également : « Mais pourquoi est-ce que je veux à tout prix ouvrir cette porte ? Pourquoi je me focalise sur cette clé ? » s’interroge l’une d’elle.

Les monologues, qui dépassent le simple récit pour faire des détours, voire de l’humour, se suivent bien, malgré le fait que l’on sait un peu où l’on va ; ils sont, encore une fois, bien portés par les comédiennes.

 Il y a de belles images, celle, notamment, quand les histoires se terminent et quand les femmes reprennent leurs places, sous le regard de la cinquième.

On ne révèlera pas la fin du spectacle, légèrement différente de l’original.

On retiendra, en tout cas, le travail efficace de Lisa Guez, la performance truculente d’Anne Knosp et la finesse des autres comédiennes.

Et la bonne tenue du spectacle, comme la force nécessaire de la problématique abordée.

Gérard Noël

 

Les Femmes de Barbe-Bleue

Écriture collective dirigée par lisa Guez,
Mise en forme Valentine Krasnochok
Mise en scène Lisa Guez
Dramaturgie Valentine Krasnochok
Collaboration artistique Sarah Doukhan

Avec Valentine Bellone ou Mathilde Panis ou Ninon Pérez, Anne Knosp, Valentine Krasnochok, Nelly Latour ou Ninon Pérez, Jordane Soudre

création lumières Lila Meynard, Sarah Doukhan
Création musicale Antoine Wilson, Louis-Marie Hippolyte
Régie Louis-Marie Hippolyte