Entête

LE DINDON

 

Le Lucernaire,
53 rue Notre-Dame-des-Champs
 75006 Paris
01 45 44 57 34

Jusqu’au 31 décembre 2022
du mardi au samedi à 21h,
le dimanche à 18h

 

Le Dindon loupe

 

 

 Il y aurait beaucoup à dire et à écrire, sur Le Dindon, pièce de Feydeau qui compte douze ou quinze personnages ; ici, on a simplifié : nous avons droit à six comédiens et comédiennes pour dix rôles. C'est bien.

L'intérêt d'avoir resserré la pièce, c'est que si le mouvement demeure (le clé de Feydeau, cette fameuse mécanique du rire) l'humour et les rossseries prennent toute leur ampleur, tout leur sel.

Soit donc, un homme (Pontagnac) qui suit une femme (Mme Vatelin) dans la rue, la suit jusqu'à chez elle où il découvre, là, que c'est la femme d'un ami. Gêne. De mensonges en mensonges, sa femme à lui, Mme Pontagnac (étonnante Jil Caplan) survient. Et les deux femmes de tomber d'accord : non, elles ne tromperont pas leurs maris sauf... sauf si c'est lui qui commence. Et le malheureux Vatelin, relancé par Maguy, une "conquête" anglaise va être amené à la retrouver à l'hôtel Ultimus.

Il se passera encore beaucoup de choses, dont trois flagrants délits d'adultère : un pour Vatelin et deux pour Pontagnac : à chaque fois une lumière bleue clignotante éclaire la face du coupable, tandis que retentit une sirène de police. Bel exemple de procédé de mise en scène qui fixe une situation en se permettant de faire l'économie d'un rôle, celui du commissaire de police, en l'occurrence.

Dire que les personnages de Feydeau (à l'inverse de ceux de Labiche, son glorieux prédécesseur dans le genre) sont des pantins serait à la fois vrai et exagéré. Ils sont capables de finesse. Les femmes relèvent un peu le niveau et, dans cette pièce en particulier, la scène finale vire au sentimental... c'est dire si elle est bien venue après toutes ces caleçonnades et mouvements divers sur des lits d'hôtel.

La mise en scène est fonctionnelle, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit simpliste. Elle a la mérite de mettre en valeur des natures de comédien : on retiendra en particulier Pascal Thireau, l'interprète du double rôle de Rédillon et Soldignac, aux plus réjouissants accents.

« Ce n'est que du Feydeau », diront des grincheux. « Et au rabais ! » ajouteront certains autres. Non, c'est du Feydeau, toujours efficace malgré des baisses de rythmes et joué avec la vivacité nécessaire : d'ailleurs les rires du public, jeune pour la plupart, montrent que ce vieux Georges et ses adultères ont encore de beaux jours devant eux.

Gérard Noël

 

Le Dindon

Pièce de Georges Feydeau
Mis en scène et adaptation : Philippe Person

Avec : Philippe Calvario, Jil Caplan, Florence Le Corre ou Aurélie Treilhou, Philippe Maymat, Philippe Person, Pascal Thoreau

Scénographie : Vincent Blot
Lumières : Alexandre Dujardin

Coproductions : Cie Saudade, Cie Philippe Person et Scènes et Cie

Production déléguée ; Cie Saudade

Soutiens : Spedidam, Adami et Fonpeps