Entête

DÉBRIS

 

Théâtre de la Reine Blanche,
2 bis passage Ruelle
75018 Paris

Jusqu’au 6 février 2022,
du mardi au dimanche à 19h.

Le 13 mai 2022 à la Grange Dimière (Fresnes)

Le 3 juin 2022 au Théâtre jean Arp (Clamart)

 

Débris loupe

Photo Romain KOSSELEK

 

Dans la petite salle de la Reine Blanche, Michael et Michelle, le frère et la sœur, enfants abusés et adultes paumés, nous racontent leurs histoires familiales.

Réelles ou fantasmées, à la limite du soutenable, nous assistons impuissants aux bas-fonds d’une certaine espèce humaine.

Julien Kosellek et Viktoria Kozlova toujours sur un fil tendu vers le public nous titillent les tripes. Avec brio, les deux comédiens jouent avec une étrange légèreté, sans cynisme. Ils tiennent cette tension, cet entre-deux, refuge du spectateur. Rien n’est montré, tout est esquissé. L’humour noir de Dennis Kelly ne permet aucune catharsis, aucun pathos. Cette mise à distance rend la représentation possible.

Le texte merveilleusement incarné par le duo efface tout possible repère, cadre, connu. L’absence de références nous questionne sur nos propres racines. Sur quel cadre familial nous reposons-nous pour exister ? Que faire de l’atavisme ? Est-ce une fatalité ? La découverte de cet enfant au milieu des débris fait surgir un sentiment maternel-paternel inespéré, miraculeux. Est-ce une lueur d’espoir ?

Alexandra Diaz

 

Pour en savoir plus, écoutez leur entretien dans Théâtre hotline podcast :
https://podcloud.fr/podcast/theatrehotline/episode/theatre-hotline-julien-kosellek-et-viktoria-kozlova

 

Dennis Kelly (dont une autre pièce, TNT, se joue actuellement à Paris) n'est pas un auteur facile. À lui la noirceur, le côté sombre des choses. Cette pièce n'y fait pas exception : elle parle d'histoires de famille et nous présente un frère et une sœur. Le garçon a seize ans quand son père d'autocrucifie. Ça commence bien, pense-t-on. En fait, il s'agit de la fin puisque toute la pièce va être un long flash-back. Suicifixion du père, donc : l'occasion d'un long monologue dont la chute est la dernière phrase du père : – Mon fils, pourquoi m'as-tu abandonné.

Puis la fille danse. On voit au fond des photos d'enfants; Et c'est reparti pour un autre monologue contant cette fois la mort de la mère.

Dans ce décor succinct où les sons et musique se déclenchent "à vue", les comédiens font leur possible pour animer un texte déjà très littéraire. Qu'ajouter de plus aux mots de Kelly ? C'est là la question. Le risque de redondance n'est jamais loin.

Résumons : le père tue la mère en voulant l'aider (elle a avalé malencontreusement un os de poulet !) Il y aura ausssi un bébé trouvé dans les ordures et baptisé Débris pour cette raison. La fille, on l'appprend au passage, est née du corps sans vie de la mère.  Se mêlent alors, dans cette deuxième partie, les problèmes liés au bébé (comment l'élever ?) et un épisode de leur jeunesse à tous les deux : il est question d'un monsieur Smart and Smile, personnage trouble chez qui celui qu'ils appellent Oncle Harry doit les amener. La pièce, grâce aux dialogues, prend un peu de substance. On s'intéresse. On est pris. On attend la suite.

Tout se dénoue peut-être un peu trop vite malgré quelques trouvailles côté répliques : – Au commencement il y a Dieu. Il s'emmerde.

Que dire de plus ? L'entreprise a le mérite d'exister, mais on est plus concerné intellectuellement qu'émotionnellement. Le jeu des acteurs est sobre et parfois prenant, surtout du côté de Julien Kosellek. Viktoria Kozlova est présente, elle bouge bien mais peine à nous faire sentir les drames qu'elle évoque.

Au final, une impression mitigée au sortir de ce court spectacle (1h05)

Gérard Noël

 

Débris

De Dennis Kelly.
Un spectacle de Julien Kosselek et Viktoria Kozlova.
Ensemble théâtral Estrarre.
Collaboration artistique Sophie Mourousi.
Musique : Ayana Fuentes Uno
Travail photographique : Paolo Valentin
Régie : Anton Langhoff
Chargé de production : Gaspard Vandromme