Entête

CAMUS – CASARÈS, UNE GÉOGRAPHIE AMOUREUSE

 

La Scala Paris
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
01 40 03 44 30

Jusqu’au 29 janvier 2023
Vendredi et samedi à 19h30 (relâche le 20 janvier)
Dimanche à 14h30

Camus – Casarès, une géographie amoureuse loupe

 

 

En mars 1944, Albert Camus rencontre María Casarès, actrice galicienne exilée en France. Camus lui confie alors le rôle de Martha dans le Malentendu en juin 1944, et la nuit du Débarquement, ils deviennent amants. C’est une histoire d’amour passionnelle, et impossible : Camus est marié et leurs géographies ne sont pas les mêmes. Alger, Marseille, des voyages dans le monde entier pour Camus et pour María, Paris mais également des voyages au gré des tournées. Ils ne se verront qu’à de très rares occasions, et par la force des choses leur histoire devient surtout épistolaire. En 2017, la fille d’Albert Camus publie chez Gallimard près de neuf cents lettres.

La correspondance amoureuse semble être un genre littéraire qui se prête bien à l’adaptation théâtrale : Victor Hugo et Juliette Drouet, Alfred de Musset et George Sand, ou encore François Mitterrand et Anne Pingeot. Ici, Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio ont sélectionné des passages de près de deux cents lettres pour retracer cette histoire d’amour entre l’écrivain et l’actrice. Aux lettres ont été ajoutés des extraits des Carnets de Camus qui permettent de mieux comprendre sa situation et ses sentiments d’amant épris, jaloux, possessif aussi – il aimerait la savoir enfermée dans sa chambre à l’attendre…– et mal à l’aise avec sa situation personnelle d’homme marié et de père de famille.

La mise en scène fait le choix d’ancrer cette idylle dans l’Histoire, grâce à des extraits de radios qui font référence à la situation politique de l’époque, une contextualisation qui pouvait peut-être un peu manquer au volume de Gallimard et qui permet de comprendre mieux les engagements de Camus et les réseaux artistiques et intellectuels de l’époque : le TNP, Jean Vilar, Gérard Philippe, entre autres.

On sent la grande complicité entre les acteurs – en couple à la ville comme à la scène – qui se rapprochent, s’éloignent et déclarent leur amour, le manque et l’attente. La salle de la Picola Scala se prête d’ailleurs très bien à leur mise en scène : les comédiens se déplacent et sont parfois très proches des spectateurs, nous mettant dans la confidence de leurs sentiments. Pourtant, parfois, le ton peut paraître un peu léger compte tenu des bouleversements, des déchirures et de l’aspect tragique impliqués par cette histoire. Malgré cela, Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio nous donne envie de lire les presque sept cents lettres restantes.

Ivanne Galant

 

Camus – Casarès, une géographie amoureuse

De et avec Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio

Mise en scène : Elisabeth Chailloux
Lumières : Franck Thévenon
Son : Thomas Gauder
Chorégraphie : Sophie Mayer