Entête

BARTLEBY

 

Théâtre Gérard Philipe
59 Bd Jules Guesde
93200 Saint-Denis

Jusqu’au 17 avril 2022
Du lundi au vendredi à20h,
samedi à 18h et dimanche à 15h30

 

Bartleby loupe

 

 

Mais de quoi Bartleby est-il le nom ? Qui est cet employé au comportement étrange, cet hurluberlu de scribe qui, un beau jour commence à décliner les injonctions qu’on lui assène avec cette devise « Je préférerais ne pas » qu’il décline ensuite à l’envi ? Est-il un idiot maladroit, un feignant indécis et désinvolte, un rebelle qui pratique la résistance passive, ou un sage qui a tout saisi de l’absurdité de l’univers du travail et la dénonce à sa manière ? La force de la nouvelle d’Herman Melville est de ne pas répondre à ces questionnements qui interpellent le lecteur. Celle de l’adaptation proposée par Katja Hunsinger et Rodolphe Dana pas davantage.

Adrien Guiraud, en bas de survêtement, campe un Bartleby hiératique, intrigant et inquiétant, qui fait penser à une sculpture de Giacometti en particulier quand il est nu sur la scène. Face à lui, Rodolphe Dana interprète le narrateur tiré à quatre épingles, méticuleux dans son travail et qui se montre d’abord compréhensif mais qui est bientôt bouleversé par l’irruption de Bartleby dans sa vie et son travail bien rangés. La mise en scène concentre d’autant plus l’attention sur leur rencontre que les autres personnages qui sont les employés de bureau – ici traduits Brioche, Lapince et Gingembre – sont des plantes en pots !

Ainsi réduite à ce face à face, la véritable question que pose l’histoire de Melville apparaît au grand jour : quelle réaction adopter dans une situation qui semble aussi absurde que celle-ci ? On pourra tour à tour ressentir l’agacement, la violence, l’inertie, le laisser-aller et l’indifférence, la pitié ou le rire. Sous les différentes lumières qui inondent la scène, la pièce interroge : qu’est-ce que Bartleby dit de nous ? J’ai ma réponse personnelle, mais je préfère ne pas.

Frédéric Manzini

 

Bartleby

D’après la nouvelle d’Herman Melville, traduite par Jean-Yves Lacroix
Mise en scène : Katja Hunsinger et Rodolphe Dana
Scénographie : Rodolphe Dana avec la collaboration artistique de Karine Litchman
Lumière : Valérie Sigward
Son : Jefferson Lembeye
Costumes : Charlotte Gillard

Avec : Rodolphe Dana, Adrien Guiraud