Entête

SCUM RODÉO

 

Théâtre de la Reine Blanche
 2 bis Passage Ruelle,
75018 Paris

Jusqu’au 28 mai
Mardi 17, Jeudi 19, Samedi 21, Mardi 24, Jeudi 26, Samedi 28 mai 21h00

 

SCUM Rodeo loupe 

 

Scum est d’abord une page d’histoire moderne, méconnue, de lutte contre la domination masculine, sa bêtise, son absence de clairvoyance, d’humanité et sa violence. Ce texte écrit en 1967 aux Etats-Unis par Valerie Solanas, texte fondateur et radical d’un féminisme sans complexe, provocateur et militant est aussi et avant tout politique. Ces quatre-vingts pages ont circulé longtemps sous le manteau. Elles restent encore confidentielles comme si ses propos continuaient de déranger, mais les mouvances féministes actives les connaissent bien. Scum parle des femmes, de leurs conditions sociales dans la société de l’époque mais aussi de toute l’organisation de la société, du travail, de l’argent, de la philosophie même de l’existence, ce pour quoi nous vivons. Scum sont ces femmes-là : des rebuts, des déchets de cette société (traduction littérale du terme).

Avec Scum-rodéo, Sarah Chaumette enfourche un texte indocile, bigarré, mâtiné de réflexions scientifiques, de slogans incendiaires et de visions futuristes. Elle le prend solidement à bras le corps, de tout son corps. Elle sera au fil de la représentation fougueuse voltigeuse, danseuse terrienne ou gorgone moderne dans une scène extraordinaire où un système électrique invisible fait jaillir sa chevelure en couronne féline tout autour de son crâne pendant qu’elle projette sa vision d’un monde éradiqué de l’existence des hommes, de leurs nécessité.

Car Valerie Solanas développe le futur possible de ce monde où le masculin cesse de se fuir lui-même en sacrifiant la liberté des femmes, cesse en vérité d’être mâle. L’idée cocasse, subtile et politique qui traverse toute la pièce est la revendication que l’on arrête cette fausse valeur de la supériorité masculine. Qu’elle soit remplacée par la vraie valeur de la supériorité féminine. Non seulement revendication, mais aussi démonstration éclairée de cette supériorité. C’est extrême, c’est bien cru, mais c’est aussi une source de réflexion intelligente que de se demander si le système de toute la société (toute-puissance de l’argent compris, guerre, fascination du travail) n’est pas juste là pour perpétrer ad vitam aeternam  l’ordre violent et réprimant du monde.

À la fin de ce rodéo, dirigé avec de multiples facettes par Mirabelle Rousseau, un rodéo qu’elle exécute non seulement avec talent et générosité mais aussi avec un détachement ironique presque palpable, Sarah Chaumette nous a entraînés avec elle, transformant l’écrit en épique palpitant, en questionnement parfois daté, mais qui reste tellement actuel.

Bruno Fougniès

 

SCUM Rodeo

de Valerie Solanas
Traduction Blandine Pélissier
Mise en scène Mirabelle Rousseau

Avec Sarah Chaumette

Scénographie Jean Baptiste Bellon
Lumières Manon Lauriol
Création sonore Lucas Lelièvre

Régie générale Camille Jamin

Régie son Kerwin Rolland

Costumes Marine Provent