Entête

LE VERRE D’EAU

 

Théâtre La Reine Blanche 
2bis, Passage Ruelle
75018 Paris 
Tél : 01 40 05 06 96 

Jusqu’au 24 avril, tous les lundis à 19h

 

Le Verre d’eau loupePhoto © Thierry Grapotte

 

Un verre d’eau, oui, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit plutôt d’une plongée dans l’écriture d’un poète singulier, Francis Ponge, un contemporain difficile à classifier tant ses écrits ne font qu’affirmer sans cesse sa singularité. Une écriture, justement, il en est question ici. Cette écriture qui plonge à son tour dans l’extrême ténuité du quotidien tels ces objets avec qui l’on a tous, chaque jour, une intimité. Une plongée qui se met soudain à raconter plus d’humain que de matière inerte.

Outre le verre d’eau, il y a aussi la serviette éponge, parmi d’autres petites choses de la vie. Ainsi, Francis Ponge porté par la voix de Cyril Bothorel apostrophe et discute avec sa quotidienne serviette éponge. Parmi d’autres petites choses drôles, cocasses, absurdes parfois mais qui causent bien finalement d’une chose c’est de la grandeur et de la petitesse humaine.

Ce spectacle est ainsi une sorte de ballade périlleuse au-dessus du rien. La performance d’un fil-de-fériste marchant non pas sur un câble mais sur des mots, du langage, des sensations. Cyril Bothorel, le corps et le crâne long et étroit paraît lui-même sorti des lignes d’écriture. Il déploie ses membres comme s’il venait à vivre à chaque instant et déroule de sa voix toutes les images et les vides de la pensée de Francis Ponge.

«  (…) et, bien-sûr, je pense que ce qui est intéressant dans le phénomène de l’homme qui parle pour dire quelque chose, c’est le fait que tout se passe en somme corporellement – c’est-à-dire que dans l’homme qui prononce un discours, une conférence, il y a une mimique, il y a des gestes, le corps est présent à chaque instant. » Francis Ponge, Entretiens, 1979.

Cyril Bothorel incarne à la virgule prêt cette définition. Sous des dehors dégingandés et des paroles qui paraissent des pieds-de-nez au sérieux dont se targuent les gens sérieux qui prennent la vie au sérieux, il nous offre une heure de fantaisie profonde et de cette observation méticuleuse qui plus que le rire est sans doute le propre de l’homme.

À voir, à boire, à savourer.

Bruno Fougniès

 

Le Verre d’eau

Textes de Francis Ponge 
D’après Méthodes, Le Parti pris des choses et Nouveau Nouveau recueil, édition Jean Thibaudeau, de Francis Ponge © Éditions Gallimard  
Mise en scène Yann-Joël Collin

Avec Cyril Bothorel   

Lumières Fred Plou