Entête

IL N’Y A PAS DE AJAR

 

Théâtre de l’Atelier
Place Charles Dullin
75018 – Paris
01.46.06.49.24

Jusqu’au 1er octobre 2023
Vendredi et samedi à 20h
Dimanche à 16h

 

Il n’y a pas de Ajar loupe Crédits : Pauline Legoff

 

De la « filouterie littéraire » à l’épigénétique pour un « Monologue contre l’identité ». Tout commence par un extrait audio de l’émission littéraire Apostrophes : « Le 2 décembre 1980, Romain Gary se tirait une balle dans la gorge. Ce qu’on ne savait pas c’est qu’à ce moment-là, et par le même geste, Émile Ajar s’était suicidé lui aussi ». Romain Gary avait réussi à réaliser seul « un suicide collectif », se tuant lui-même ainsi son double littéraire, Émile Ajar.

C’est cette supercherie littéraire qui a inspiré l’autrice et rabbine Delphine Horvilleur que beaucoup connaissent pour son indispensable essai Vivre avec nos morts (2021). Ici, elle emboîte le pas de Romain Gary en inventant Abraham Ajar, fils prétendu d’Émile Ajar et de Mme Rosa, personnage de La vie devant soi. Abraham Ajar leur a survécu et nous parle depuis ce qu’il appelle son « trou juif », sorte de cave recouverte de plastique noir et parsemée de miroirs.

Sur scène, Johanna Nizard interprète avec un magnétisme presque angoissant ce personnage-créature à la fois touchant, cynique, audacieux, drôle et inquiétant, sorte de caméléon à la fois très contemporain et intemporel. Il/Elle nous tutoie, nous propose souvent des cachous et joue avec les mots pour nous expliquer que ne sommes jamais ce que nous pensons être. À travers son personnage, Delphine Horvilleur veut questionner cette notion d’identité et bousculer et dénoncer les dérives qui en découlent. Ainsi, il est question du choix de ce prénom d’Abraham, patriarche qui avait rompu avec son propre père, de la circoncision et de ce prépuce inexistant qui fonde l’identité du personnage (« Pour que tu aies un truc en plus tu auras un truc en moins »), du nom de Dieu, d’appropriation culturelle, de racisme et de l’épigénétique qui fait que l’on hérite des traumas de nos ancêtres La pièce est dense, le rythme est soutenu, on est embarqué par ce personnage incroyable qui change de voix comme de costumes et qui nous embarque finalement dans un voyage au cœur de l’inconscient. Un spectacle original dont on sort un peu chamboulé, aussi bien par la performance de l’actrice que par la puissance du texte. Un texte qu’on a d’ailleurs envie de (re)lire plus au calme pour continuer d’en saisir les subtilités.

Ivanne Galant

  

Il n’y a pas de Ajar

De Delphine Horvilleur
Texte édité aux Éditions Grasset
Mise en scène : Johanna Nizard et Arnaud Aldigé

Avec Johanna Nizard

Collaboration artistique à la mise en scène : Frédéric Arp
Conseil dramaturgique : Stéphane Habib
Regard extérieur : Audrey Bonnet
Création maquillage et perruque : Cécile Kretschmar en collaboration avec Jean Ritz
Création costumes : Marie-Frédérique Fillion
Création sonore : Xavier Jacquot
Scénographie et création lumières : François Menou
Création décor : Les Mécanos de la Générale
Crédit photographie : Almaïm

Production : En Votre Compagnie
Coproduction : Théâtre du Montansier – Versailles, Théâtre Romain Rolland de Villejuif, Les Plateaux Sauvages, Communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel – Normandie, Comédie Picardie

 

Avec le soutien et l’accompagnement technique des Plateaux Sauvages et du 909, espace de transmission et de production artistique
Avec le soutien du Fonds SACD Théâtre

Projet soutenu par le Ministère de la Culture, la DRAC Île-de-France et la Région Île-de-France
Spectacle soutenu par l’ADAMI et le dispositif ADAMI Déclencheur