Entête

HEUREUX LES ORPHELINS

 

Théâtre de L’Oriflamme
rue Carnot
84000 – Avignon

le 26  novembre à 21h et le 27 novembre à 15 h

 

Heureux les orphelins loupe 

 

« Les mythes – comme tout ce qui vit – ont besoin d'être irrigués et renouvelés sous peine de mort », écrit Michel Tournier dans Le Vent Paraclet.

Giraudoux avait donc déjà irrigué le mythe et à présent dans un élan magistral Sébastien Bizeau nous sert une Électre du XXI° siècle engluée dans le jargon des politiciens mais fer de lance d’une critique bien menée..

Texte et situations très amusants, décalés, ironiques… on vit une Électre bien loin des classiques, on est dans  les entrailles du pouvoir là où les mots prennent un autre sens, là où le vocabulaire de l’Ena recolore les situations, donne un nouveau sens et de nouvelles perspectives.

Si Giraudoux avait déjà apporté une dimension comique en contrepoint du récit tragique, jouant sur les décalages de langages, Sébastien Bizeau a porté bien plus loin encore l’aspect décalé par son langage appliqué de cabinet ministériel.

On est pourtant dans une tragédie, une femme, la mère d’Électre et d’Oreste est en train de mourir et l’on se bat pour des discours de salon qui doivent atterrir sur le bureau du ministre. Là volent en éclats tous les rêves, tous les espoirs, le rouleau compresseur des mécanismes politiques se met en marche et avance.

On a le sentiment qu'Électre se débat mais face à elle il y a un mur infranchissable, un autre langage, comme une autre société verrouillée par Égisthe, le ministre mais aussi le médecin et le prêtre interprétés par le fabuleux Jean Baptiste Germain, qui sont comme une même voix. Face à cette « pression » un autre discours, celui de Pylade et du serveur, du psychologue du notaire et du cuisinier interprétés par un merveilleux Paul Martin.

Cindy Spath quant à elle va tous azimut avec bonheur dans des personnages bien différents allant entre autre d’une journaliste à une employée du funérarium.

Maou Tulissi dans le rôle-titre peut-on dire, déroule avec soin un personnage plein de sensibilité ainsi que Matthieu Le Gloaster qui donne un bel éclairage au personnage d’Oreste tout au long de la pièce.

Une très belle distribution pour une pièce fort bien écrite qui nous mène dans les arcanes du pouvoir.

Salle comble, public conquis se manifestant par de longs applaudissements... Un très beau moment de théâtre à ne pas laisser passer.

Jean Michel Gautier

 

Heureux les orphelins

librement inspiré d’Électre de Jean Giraudoux

Texte et mise en scène Sébastien Brizeau

avec Jean batiste Germain, Matthieu Gloaster, Paul Martin , Cindy Splath , Maou Tulissi