TRANSMISSION

 

Théâtre Hébertot
78 bis, boulevard des Batignolles  
75017 Paris
01 43 87 23 23

Jusqu’au 31 mai 2020
Du mardi au samedi à 21h
matinée le dimanche à 15h30

 

Transmission loupePhoto  © Laurence Lot

 

Il y a 24 ans le regretté Jean Piat triomphait face à Francis Lalanne, nominé d’ailleurs à cette occasion au Molière de la révélation, dans l’Affrontement, le chef d'œuvre de Bill C.Davis. Aujourd’hui le titre a changé et est devenu Transmission. Davy Sardou dans une nouvelle traduction, sorte de remise en modernité du texte a donné à l’œuvre un souffle nouveau, une nouvelle direction beaucoup plus portée sur la comédie cléricale que sur les bondieuseries pures et dures.

Le résultat est très réussi et j’avoue que depuis Don Camillo je n’ai jamais autant ri en écoutant un sermon et en assistant à la confrontation de ces deux hommes d’église aux points de vue si différents.

Perché sur sa chaire, façon prêcheur américain, Tim Farley (Francis Huster) prêtre irlandais porté sur le whisky et véritable star de son diocèse, harangue avec un goût du show très prononcé ses paroissiens à qui il veut plaire coûte que coûte. Mais ce dimanche-là, il va, sans vraiment le savoir allumer lui-même la mèche qui va faire éclater les hostilités en demandant à ses ouailles de réfléchir sur la place des femmes dans l’église et sans compter sur l’arrivée impromptue en plein prêche d’un jeune séminariste Mark Dolson (Valentin de Carbonnières) qui lui répond haut et fort que les femmes devraient pouvoir être prêtres et qu’elles seraient sans aucun doute meilleures que les hommes. Fougueux, lassé des cachotteries et des non-dits que les hautes sphères papales cachent sans vergogne en se référant aux sombres règles du catholicisme, la hiérarchie de Farley lui confie alors la responsabilité d’encadrer et d’éduquer cet électron libre avant de revêtir la soutane de diacre.

Pièce résolument moderne où tous les thèmes et les sujets abordés sont terriblement d’actualité comme le sacerdoce des femmes, la position de l’église face l’homosexualité et parallèlement à son homophobie, au célibat des prêtres, à leurs croyances face à Dieu et au temps qui passe en mettant à mal certains principes encore moyenâgeux et qui vont donner lieu à un affrontement subtil, cynique et férocement drôle dans lequel on retrouve assez facilement une forme d’humour anglais.

Francis Huster est absolument remarquable de justesse et de drôlerie, très à l’aise dans sa soutane. Ce soir c’était la première et Valentin de Carbonnières, face à ce monument du théâtre était un peu en dessous et cherchait visiblement encore un peu ses marques mais je présage qu’il lui faudra peu de temps avant de tenir l’ostie haute à ce vieux prêtre attachant installé dans ses certitudes.

De l’humour, des révélations, des contradictions et une chute imprévisible, une musique électro volontairement décalée dans ce contexte, un décor somptueux et une mise en scène sans fausse note font de cette messe jubilatoire un moment de théâtre de grande qualité.

Patrick Rouet

 

Transmission

Auteur : Bill C.Davis
Nouvelle traduction : Davy Sardou
Mise en scène : Steve Suissa assisté Manon Elezaar

Avec Francis Huster et Valentin de Carbonnières

Décors : Emmanuelle Favre
Lumières : Jacques Rouveyrollis assisté de Jessica Duclos
Costumes : Cécile Magnan
Musique : Maxime Richelme