RABELAIS

 

Théâtre 13, Seine
 30 rue du Chevaleret
75013 Paris 
01 45 88 62 22

Du 1er au 8 juin : du mardi au samedi à 18h, le dimanche à 16h
Du 9 au 19 juin : du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Relâche les lundis.

 

Rabelais loupe Photo Miliana Bidault

 

Ce spectacle, en fait, est une reprise. À la base, il s’agit d’une adaptation réalisée par Jean-Louis Barrault en 1968 et montée à l’Élysée-Montmartre. Michel Polnareff en avait composé la musique.

Les derniers feux de 1968 sont éteints depuis longtemps. Il fallait toute l’énergie de cette troupe de jeunes comédiens, pour redonner vie au texte de l’illustre François. Et de l’énergie, ils en ont.  Le texte suit à peu près (avec des coupes, bien sûr) l’histoire de Gargantua (que sa mère Gargamelle mit au monde par l’oreille). Que grand tu as... sous-entendu, le gosier, est à l’origine du nom de ce personnage hors du commun. Rabelais s’amuse et nous amuse, avec ses exagérations, ses listes qui n’en finissent pas, ses blagues scato, notamment, mais l’humaniste nous intéresse aussi, se penchant sur l’éducation des enfants, la nécessité du sport (esprit sain dans un corps sain).

Rien ne nous est épargné des guerres picrocholines, de frère Jean des Entommeures, des présents faits pour récompenser le bravoure des uns et des autres. Frère Jean reçoit l’abaye de Thélème avec son credo : « Fais ce qui te plaît ! » Mais voici le fils de Gargantua, Pantagruel, qui arrive dans l’histoire...
Ce spectacle dure plus de deux heures, mais on ne sent pas le temps passer. On se passionne, on découvre, ou on retrouve avec plaisir Panurge le polyglotte (qui vit bien d’autres aventures que celle qui le met en présence de moutons) l’histoire de l’anneau de Hans Carvel... jusqu’au final où tous arrivent au pays du lanternois, avec cet autre slogan « In vino veritas ».

Une autre originalité du spectacle, c’est qu’il ménage, entre deux épisodes "rabelaisien", quelques rappels sur l’époque, François 1er à Pavie, sa captivité, et ce qu’il advint de Rabelais ensuite.

Les comédiens et comédiennes sont talentueux, chacun jouant plusieurs rôles mais ayant été, de façon heureuse, distribué dans son rôle "principal". L’un a pour lui sa rondeur et sa barbe, l’autre son air matois et sa discrétion, un autre gesticule, rampe, grimace, une autre est forte et assurée, une autre encore fine et ingénue. C’est un melting-pot de caractères et de jeux, le charme venant de la cohérence et de l’unité que le metteur en scène est parvenu à créer. Il y a de la danse, des chansons, des chorégraphies bien menées. Les maquillages surprennent au début.

Un peu punk, chaque comédien arbore des yeux charbonneux qui lui font une sorte de loup. N’oublions pas de dire un mot sur les décors qui servent on ne peut mieux le propos : nous sommes dans la suggestion. Sont sommairement mais efficacement évoqués une taverne, une cour, voir un naufrage en mer... Tout passe.
En conclusion, on ne saurait trop recommander ce spectacle qui dépoussière Rabelais (à la suite de Barrault) et qui s’adresse, bien sûr, à tous les publics.

Gérard Noël

 

Rabelais

Texte de Jean-Louis Barrault. Mise en scène : Hervé Van der Meulen
Musique originale : Marc-Olivier Dupin. Chrorégraphie : Jean-Marc Hoolbecq
Scénographie et accessoires : Claire Belloc. Costumes : Isabelle Pasquier
Lumières : Stéphane Deschamps. Maquillage : Audrey Millon
Chefs de chant : Juliette Epin Bourdet, Juliette Malfray et Pablo Ramos Monroy
Son : Arthur Petit. Assistants ; Ambre Dubulle et Jérémy Torres.
Assistante chorégraphie : Julia Cash

Avec : Etienne Bianco, Loïc Carcassès, Aksel Carrez, Ghislain Decléty, Inès Do Nascimento, Pierre-Michel Dudan, Valentin Fruitier, Constance Guiouillier, Théo Hurel, Pierre-Antoine Lenfant, Olivier Lugo*, Juliette Malfray, Mathias Maréchal, Ulysse Mengue, Théo Navarro-Mussy*, Fany Otarola, Pier-Niccolo Sassetti, Jérémy Torres et Agathe Vandame
* en alternance