LES PÂTES À L’AIL

 

Théâtre La Scène Parisienne
34 rue Richer
75019 Paris 
01 40 41 00 00

Jusqu’au 31 décembre 2019
Du jeudi au samedi à 19h

 

Les Pâtes à l’ail loupePhoto Aurore Vinot 

 

Il est loin le temps ou Bruno Gaccio faisait ses classes au "petit théâtre de Bouvard" (avec, entre autres, un certain Jean-Carol Larrivé) Depuis il a écrit pour Patrick Timsit, pour "les Guignols de l’Info"... il a écrit. Le comédien restait discret. Le voilà ou le revoilà sur scène avec un vieux pote de quarante ans (c’est lui qui le dit) Philippe Giangreco. À eux deux et avec l’aide du metteur en scène (un certain Jean-Carol Larrivé) ils ont concocté une de ces pièces "pour rire mais pas que ..." présentant non plus des quadra, (le temps passe), mais des sexa. Sexa pas mal conservés, d’ailleurs : l’un des deux personnages, Carlo, est photographe. Il parcourt le monde, drague à tout va, refusant, malgré les années, de se fixer. L’autre, Vincent est à l’opposé : il est restaurateur, marié, pourvu d’enfants. Ces vieux copains ne dérogent pas à une règle, se retrouver, très régulièrement, pour déguster (Italie oblige !) des pâtes à l’ail.

Bien sûr, cette soirée à laquelle ils nous invitent, ne va pas être comme toutes les autres : Vincent (Philippe Giangreco) est condamné : il a un cancer. À qui d’autre pourrait-il demander de l’aider à "passer" sinon à son alter ego Carlo (Bruno Gaccio) ?
Tout part de là. L’occasion pour les deux larrons de revenir sur le passé, de se faire des confidences... voire de nous faire entendre (accompagné à la guitare) "Americano".
La pièce abonde en bons mots, surtout au début. Après une citation, l’un demande : — Sacha Guitry ? Et l’autre de répliquer : — Non, Sacha Distel ! Ou Carlo qui s’exclame quand il entend la proposition de Vincent : — T’es un grand malade, toi ! — Oui, dit Vincent, je SUIS un grand malade !
On glissera bien sûr sur le dénouement, de même que sur les pépipéties et révélations (certaines vraies, d’autres moins) pour se concentrer sur l’essentiel : ce morceau de vie, cette ode à l’amitié arrive, mine de rien, à nous toucher. Son côté un peu anglais (pour l’humour) et un peu transalpin (pour l’excès) fonctionne. Il y a des trouvailles : — Je veux mourir vivant ! crie Vincent. Quant à Carlo, il confesse : — Je n’ai jamais aimé personne, en fait. J’aime pas aimer, c’est encombrant !

Dans un joli décor, la mise en scène sert bien les comédiens.

Tiens, les comédiens, parlons-en : Bruno Gaccio est sobre. Il joue juste, affirmant sur scène, une présence et une certaine finesse. Mais, bien sûr, face à ce clown blanc, l’émotion est du côté de Philippe Giangreco : tour à tour goguenard, ou vindicatif voire désespéré, il porte littéralement la pièce. Nous exagérons un peu : en fait il y a des mouvements de bascule de l’un vers l’autre dans ce ping-pong (en situation !) qui affirme sa foi en la vie et en l’amitié.

Un spectacle "feel good", alors ?

On allait le dire.

Gérard Noël

 

Les Pâtes à l’ail

de Bruno Gaccio, Philippe Giangreco, Jean-Carol Larrivé.
Mise en scène : Jean-Carol Larrivé.

Avec : Philippe Giangreco, Bruno Gaccio

Décors : Emily Geirnaert
Lumières : Philippe Hatte
Assistant mise en scène : Marius Larrivé
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