LE MISANTHROPE

 

Théâtre de la Croisée des chemins
Salle Belleville
120 bis, rue Haxo
75019 Paris 

Jusqu’au 31 décembre 2021
Du 12 septembre au 31 octobre : Les dimanches à 16h
Du 7 novembre au 19 décembre : Les dimanches à 14h30

Séances supplémentaires pendant les vacances scolaires : les mardis 26 octobre et 2 novembre à 20h ainsi que le mardi 28 et le vendredi 31 décembre à 18h

 

Le Misanthropeloupe 

 

Une belle idée et un ambitieux projet pour une salle aux moyens modestes. C’est en effet une trilogie que nous propose le Théâtre de la Croisée des chemins, c’est-à-dire trois pièces que l’on peut voir séparément, chacune pour elle-même, ou comme les trois actes d’un plus vaste ensemble qui permet de suivre l’évolution des différents personnages sur vingt ans. Le Misanthrope de Molière constitue ainsi le premier moment de la série dramatique « Du Misanthrope au Cardinal » dont les deux autres volets, qui en sont les prolongements, sont la petite pièce de Courteline La Conversion d’Alceste (jouée à 18h) et celle, plus connue, de Jacques Rampal, Célimène et le Cardinal, qui sera donnée à partir de novembre.

Du monument classique que représente le Misanthrope, la mise en scène de Violette Erhart et Sylvain Martin a gardé intacte la langue de Molière (avec les diérèses) mais a un peu raccourci l’intrigue et modernisé l’ambiance. Voici les personnages évoluant dans les à-côtés de soirées festives où les verres d’alcool favorisent la sincérité des cœurs tandis que les messages sur smartphones se substituent aux billets. Mais c’est surtout par la direction des comédiens que cette version se distingue : à la rondeur bonhomme de Philinte (Sylvain Martin) répond un Alceste (Luc Franquine) tout en colère, à la limite de la hargne, qui apparaît moins ridicule ou philosophe que méchant – il nourrit littéralement « pour [la nature humaine]une effroyable haine ». On comprend d’autant mieux pourquoi Violette Erhart campe une Célimène qui finit éplorée, véritable souffre-douleur du misanthrope qui se retrouve à son corps défendant mise en danger par la situation dans laquelle sa frivolité insouciante l’a placée. Mais si son personnage semble dépassé à la fin de ce premier volet, les pièces suivantes permettront-elles à Célimène de reprendre le contrôle du jeu amoureux qu’Alceste prend trop au sérieux ?

Frédéric Manzini

 

Le Misanthrope

d'après Molière
Mise en scène : Violette Erhart et Sylvain Martin

Avec : Violette Erhart (Célimène), Luc Franquine (Alceste), Alex Gangl (Le poète), Benjamin Gourvez (Arsinoë), Mahmoud Ktari (Le marquis) et Sylvain Martin (Philinte).