OÙ EST MON CHANDAIL ISLANDAIS ?

 

Théâtre de Belleville
16 passage Pivert
75011 Paris
01 48 06 72 34

Jusqu’au 29 septembre 2020.
Lundi 19h45, Mardi  21h45, Dimanche 20h

 

Où est mon chandail islandais ? loupe 

 

Ce texte d'une heure environ est signé Stig Dagerman. Il est plein, plein à craquer, d'alcool, de mort, de cris  et de scènes de famille.

« Familles, je vous hais ! » clamait Gide. Ce n'est pas cet auteur suédois (auteur de "Tuer un enfant" et "L'enfant brûlé") qui le démentirait. Son personnage, Knutte est éboueur de profession.  Entre sa femme qui le trompe et son fils devenu un étranger, il est dans le ressassement. Dans le ressassement et l'arrangement avec la vérité. Et dans l'alcool, puisqu'une bonne partie de son propos tourne autour du schnaps et du whisky.

À l'occasion de la mort de son père, il revient chez lui. Dans le village, on meurt beaucoup, surtout les vieux. Knutte rend visite au boulanger qui a failli renverser son  père âgé, alors qu'il se rendait chez son infirmière.

Ils boivent et reboivent encore et le boulanger le ramène. Dans ces va-et-vient entre les souvenirs, finit par s'imposer l'image du vieux chandail de son enfance qui donne son titre à ce spectacle prenant.

Metteur en scène et interprète, Eram Sobhani est sobre. Imobile au début, les mains dans les poches, il commence d'une voix mesurée et prend peu à peu (mais toujours sans se déplacer) de l'ampleur et de l'expression : il hurle et se désespère... nous offrant un portrait sans concession d'un homme marqué par la solitude et l'angoisse.

Effet surprenant, ces miroirs qui s'alignent sur le sol, dédoublant l'image de l'interprète. De même, les éclairages sont soignés, projetant parfois de sombres démesurées sur le mur du fond, ou cernant au mieux le comédien, quand ils ne le colorent pas en vert. Intervient aussi une boule à facettes.

La concentration est de mise : on sait que cette forme théâtrale, adaptation d'une œuvre littéraire, est courante : ici, Eram Sobhani se met humblement au service du personnage et de l'univers de Dagerman. On est emporté, à la fois par la force du texte et par le jeu, le comédien faisant sienne cette histoire, la présentant sans jugement aucun.

Gérard Noël

 

Où est mon chandail islandais ?

de Stig Dagerman.

Mise en scène et jeu : Eram Sobhani

Lumières : Julien Kosellek
Régie générale : Corto Trémorin
Diffusion : Nicolas Foray
Production : Louise Champiré