Théâtre 14
20, avenue Marc Sangnier
75014 Paris

Jusqu’au samedi 23 décembre
Mardi, mercredi et vendredi à 20h, jeudi à 19h, samedi à 16h

 

 

 

« Vous vous demandez pourquoi je vous ai convoqué ici… » Nicolas Bouchaud s’adresse au public comme Reger, le héros du pénultième roman de Thomas Bernhard, à Atzbacher, le critique musical. Reger est un homme exigeant et têtu : obsessionnel qui se rend tous les deux jours dans la salle Bordone du Musée d’Art Ancien de Vienne pour admirer L’Homme à la barbe blanche du Tintoret, il commence à vitupérer sur la sonate La Tempête puis ses invectives prennent de plus en plus d’ampleur et, de la peinture à la philosophie, n’épargnent personne – et surtout pas les artistes. Non sans contradictions et mauvaise foi, il tourne et retourne ses pensées, ressasse ses récriminations avec tant de circonvolutions et de sens de l’exagération que le jeu de massacre en devient drolatique. Il n’y a guère que sa défunte femme qui semble trouver grâce à ses yeux…

Seul sur un plateau qui figure une galerie en papier kraft, Nicolas Bouchaud est extraordinaire pour camper la férocité de la solitude et de la colère, donnant corps incarner l’écriture très physique de Bernhard et s’offrant même le luxe d’un peu d’improvisation. La salle passe de l’indignation au rire et s’étonne d’éprouver une forme de tendresse pour cet intransigeant misanthrope. L’interprétation est aussi savoureuse que le texte est magistral.

Frédéric Manzini

 

Maîtres anciens – comédie

De Thomas Bernhard
Mise en scène : Éric Didry
Adaptation : Nicolas Bouchaud, Éric Didry, Véronique Timsit

Avec : Nicolas Bouchaud