Entête

LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS

 

Les Plateaux Sauvages
5 rue des Plâtrières
75020 Paris
Tél. : 01 83 75 55 70

Jusqu’au 20 novembre 2021,
du lundi au vendredi à 20h,
le samedi à 17h, puis en tournée 

 

La Nuit juste avant les forêts loupePhoto © Jean-Louis Fernandez

 

Les Plateaux sont dark, flaques, boue, odeur de cigarette, imposants piliers carrés en béton.

Nuit de pluie, un homme ère dans les rues / couloirs de métro. Il se dit étranger, en apparence intégré. Il accoste les passants à la recherche d’une chambre et d’une conversation, au moins pour quelques heures.

Il ressent l’extrême urgence d’exprimer tant de choses : craintes, revendications, frustrations, déceptions, révoltes. Il est tendu, inquiet, excité et désabusé à la fois. Bravache, il pleure, il hurle sa colère, sa vérité, son mépris de la société… Il est happé par l’obscure spirale infernale d’un banal et immense désespoir.

Ce texte fort, un monologue de 63 pages, date de 1977. Avec son florilège de mots crûs et gros, d’argot, de remarques misogynes, l’emploi constant de “camarade”, l’évocation du Nicaragua, etc., il apparaissait à l’époque comme novateur et avant-gardiste. L’auteur, Bernard-Marie Koltès, était communiste et rebelle, bien qu’issu de la bourgeoisie. Il y croyait dur comme fer et a fini par convaincre Patrice Chéreau de le mettre en scène.

Néanmoins aujourd’hui, la pièce, telle qu’elle est présentée, a une saveur plus ordinaire, voire dérangeante, et semble perdre de sa puissance initiale (surtout pour ceux qui prennent les transports franciliens et qui ont pris l’habitude hélas de ce genre de décor). 

Quant à Jean-Christophe Folly, sa performance est remarquable : il incarne son personnage en s’investissant avec passion et courage, verve et ténacité. Il nous intrigue, nous interroge, nous choque, nous fait même rire. Il ne nous emmène pas en forêt après, ce n’est pas son but. Il donne tout, avec abnégation, et son cri déchirant résonne vrai dans la nuit humide et profondément injuste pour trop de délaissés.

Luana Kim

 

La Nuit juste avant les forêts

Texte : Bernard-Marie Koltès
Mise en scène : Matthieu Cruciani

Avec : Jean-Christophe Folly

Assistanat à la mise en scène : Maëlle Dequiedt
Musique : Carla Pallone
Scénographie : Nicolas Marie
Costumes Marie : La Rocca
Lumières Kelig : Le Bars