M'APPEL MOHAMED ALI

Espace Saint-Martial
2 rue Henri-Fabre
84000 Avignon
04 84 34 52 24 – 06 14 22 92 38

13h20

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Mis en ligne le 20 juillet 2014

Ce spectacle cogne comme un grand coup de cœur !

Ici le théâtre n'est pas un passe-temps confortable mais un véritable combat : le combat d'Étienne, acteur africain qui nous prend par « les tripes » et nous mène, avec le boxeur Mohamed Ali, à repenser l'histoire de l'Afrique vue par l'occident.

À vingt sept ans, Cassius Clay, champion du monde de boxe catégorie poids lourds, se voit destitué de son titre par le gouvernement américain. Son crime ? Refuser de partir se battre au Vietnam.

Et pourquoi ce refus ? Parce que « jamais un Viêt-Cong ne m'a traité de nègre. »

En outre, sa licence sportive lui est retirée et son passeport confisqué.

Loin de l'anéantir, ces condamnations iniques renforcent sa détermination à la lutte et lui donnent un sens.

Ainsi, privé de ring durant plusieurs années, Cassius Marcellus Clay se transforme en Mohamed Ali et se prépare à livrer contre George Forman, en 1974, le combat de Kinshasa surnommé « le combat du siècle». Mohamed Ali boxe contre le désir brutal d'effacer le peuple noir du statut d'être humain.

Le texte de Dieudonné Niangouna serpente à travers cette biographie pour en extraire « la substantifique moelle » : le personnage d'Étienne se prend-t-il réellement pour Mohamed Ali ? Ou bien a-t-il saisi que sa couleur de peau l'oblige, lui aussi, à monter sur le ring du théâtre et à s'emparer du Verbe pour déconstruire les préjugés tenaces enfoncés depuis de siècles dans le crâne des blancs.

D'autre part, frapper à grands « coups de mots » s'impose également pour extirper les mensonges des codes blancs enfoncés depuis des siècles dans le cerveau des noirs.

En utilisant la scène comme un champ (ou comme «  un chant ») de bataille Étienne se propose une mission de longue haleine et politiquement très incorrecte. Mais l'exemple de Mohamed Ali qui, donné vaincu par tous les pronostics, a terrassé le colosse George Foreman et repris le titre de champion du monde, trace un chemin de réflexions profondes et d'actions immédiates.

Cette pièce déroute le spectateur au vrai sens du terme, il ne sait jamais très bien qui parle : Mohamed Ali ou l'acteur Étienne qui sort de son texte et se prend à improviser ?

Or tout, absolument tout, est écrit par Dieudonné Niangouna, auteur congolais invité à plusieurs reprises au Festival d'Avignon, dont le style teinté de vitriol et de poésie nous pénètre jusqu'à la moelle.

Quant à l'interprétation de Étienne Minoungou, elle est tellement stupéfiante qu'elle nous laisse tout simplement KO debout !

Nadia Baji

 

M'appel Mohamed Ali

Auteur : Dieudonné Niangouna
Metteur en scène : Jean Hamado Tiemtore

Avec : Étienne Minoungou

Lumière : Rémy Brans et Herman Coubaly

 

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