Entête

LE POIDS DU MENSONGE

 

Manufacture des Abbesses,
7 rue Véron,
75018 Paris.
01 42 33 42 03

Jusqu’au 15 octobre 2023.
Les jeudis, vendredis et samedis à 21h,
les dimanches à 17h.

 

Le Poids du mensonge loupe

 

 

Décor, un salon de jardin. Ambiance estivale.

Deux coups de feu claquent. Entre un homme, désireux, semble-t-il, de se suicider avec le même fusil. Il y renonce. Arrive alors Marc, un ami, un vieil ami et la pièce peut commencer. Au fur et à mesure de la discussion, on apprend que Carole la femme de Jean, l'homme au fusil, dort encore. Laurence, épouse de Marc, vient de le quitter.

Marc envie la vie de Jean, qui a réussi. Certains détails, troublants, orientent vers autre chose qu'une simple péripétie conjugale : « Le poids du mensonge, affirme Jean, j'en suis libéré ! ». Il y aura tout au long de la pièce des allusions précises à de l'argent prêté par Marc et que Jean ne veut pas (ou ne peut pas) lui rendre, à des stations de Jean dans un parking, "à ne rien faire".

On aura reconnu, en filigranne, l'histoire tragique de J.C Romand, affabulateur qui aura passé une bonne partie de sa vie à mentir à sa femme, ses parents, ses amis, s'inventant une vie... pour finir par tuer sa petite famille et tenter ensuite de se suicider. L'auteur, Mitch Hooper, tire habilement cette histoire vers du plus connu, du plus complexe humainement, tout en sauvegardant l'essentiel.

Un flash-back est le bienvenu qui éclaire les relations entre les deux couples. Jean avoue avoir acheté le fusil "pour se faire plaisir"; Il est aussi question de cachets que prend Carole, de l'impossibilité qu'elle a de joindre son mari au bureau... et pour cause.

Les passions de chacun des hommes pour la femme de l'autre, ainsi que l'argent, tout ceci baigne la pièce. Il s'y ajoute la mort mystérieuse et accidentelle du père de Carole sur un toit : Jean l'aurait-il tout bonnement poussé ?

La scène entre les deux femmes, pour intéressante qu'elle soit, est un peu longue; heureusement, la drame se resserre car Carole a des soupçons précis concernant son mari et sa prétendue activité.

Par rapport à l'histoire de base, celle de Romand, il y a des pistes nouvelles et les personnages sont nuancés. La mise en scène, à partir d'un décor ultrasimple est plutôt heureuse et les comédiens tous excellents. Une mention spéciale pour la froideur de Julien Muller (Jean) et le mystère qu'apporte Anne Coutureau par son curieux jeu  "distancé".

Un spectacle fort et prenant.

Gérard Noël

 

Le Poids du mensonge

Texte et mise en scène : Mitch Hooper

Avec : Anatole Bodinat, Anne Coutureau, Julien Muller, Sophie Vonlanthen

Lumières : Patrice Le Cadre
Décor : Delphine Brouard
Musique : Jean-Noël Yven
Costumes : Philippe Varache