Entête

LE NOUVEL HOMME

 

Théâtre de la Bastille,
76 rue de la Roquette
75011 Paris
01 43 57 42 14

Jusqu’au 29 septembre
 à 20h30, les samedis à 18h30,
relâche les dimanches

 

loupe

 

 

Soit, donc, une scène quasi-nue, juste peuplée au fond de chaises, d'une table et d'une rampe lumineuse. On  nous suggère qu'il s'agit d'une zone d'accueil d'aéroport.

Et voici les retouvailles de deux personnages qui ne s'étaient pas vus depuis vingt ans. Peter était le prof d'art plastique de Natali.

Que s'est-il passé entre eux à l'époque et depuis tout ce temps pour chacun ? Et surtout comment vont-ils vivre ces retrouvailles ?

Le collectif DE KOE, devenu DE HOE, avait créé, il y a vingt ans L'homme au crâne rasé. L’idée est venue de donner une suite à ce spectacle. D'où Le nouvel homme et cette approche sensible et cérébrale à la fois du théâtre et des rapports humains : le collectif prétend ne jouer que des choses qui lui ressemblent, il affirme même ne pas jouer  et exister en s'exposant. Vaste programme qui nous est proposé et pari tenu.

Peter, l'homme au crâne rasé a des petits côtés Woody Allen : entre interrogations sur soi, phrases définitives et aveux frileux.

Son côté analytique se heurte assez souvent au côté nature de sa partenaire, devenue comédienne d'une série qui évoque un feuilleton... Tout est à l'avenant, la décomposition forcée du réel finit par interpeler, par toucher, également. L'histoire inclut un personnage italien (nous sommes à Rome) qui les observe, rôde, fait des commentaires. Il n'est autre que le mari de Natali.

Le cliché du trio amoureux est vite abandonné : ce n'est pas le propos. Tout est au-delà ou en deça d'un quelconque "boulevard".

La première partie tourne autour de la vie privée (un peu) et professionnelle. La femme révèle enfin son adhésion à "la Ligue du nord". C'est cet aveu qui va bouleverser la relation entre les personnages. Nous sommes ici dans des relations humaines : comment défendre un point de vue politique fût-il indéfendable et dans quel mesure cela va-t-il interférer avec le "projet" éventuel de ce couple qui s'était défait brusquement, vingt ans auparavant.

Au passage, des remarques qui frappent : « Nous n'étions pas ensemble, nous jouiions ensemble ». Ou encore : « C'est passé. Est-ce que les choses passent vraiment ?»

Alfred Hitchcock disait que l'amour doit être filmé comme un meurtre et réciproquement : ici la danse finale, entre sensualité et lutte est remarquable. 

Une autre donnée est constituée par... la langue : ces comédiens parlent français qui n'est pas leur langue natale; Il y aura aussi de l'anglais et un peu d'italien. L'incommunicabilité n'en est que renforcée.

Drôle d'ambiance, curieux spectacle : On en sort interloqué, intéressé, ému, en tout cas jamais indifférent.

Gérard Noël

 

Le Nouvel Homme

Texte : Peter Van den Eede, Natali Broods, Willem de Wolf

Avec : Natali Broods, Peter Van den Eede, Nico Strum

Régie technique et son : Bram De Vreese, Shana Van Laer
Traduction et coach liguistique : Martine Bom
Administration : Elisabeth Michiels
Diffusion internationale : Séverine Windels
Production : DE HOE
Coproduction : Het Laatse Bedrijf. Avec le soutien des Autorités Fédérales Belges