TEATRO A CORTE 2014 – LAZURD, VIAJE A TRAVÈS DEL AGUA

Festival européen dans les demeures royales du Piémont

Du 17 Juillet au 3 Août tous les vendredis, samedis et dimanche

Palazzo Venaria Reale
Le 26 juillet

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C'est un fil narratif simple qui est au centre de ce spectacle de théâtre/danse : l'exil d'un peuple à travers un pays, la rencontre humaine possible avec ceux qui croisent leur route et la richesse et l'émerveillement qui peuvent en découler.

Le spectacle se compose de deux parties. Dans la première, la scène suggère un salon bourgeois : une femme élégante y écoute avec inspiration une œuvre du répertoire classique quand au loin apparaissent trois personnages en exode.

Ils portent de longs manteaux gris, des valises, des objets, des souvenirs. Ils avancent sur des chaises, prudemment, épiant l'horizon qu'ils fuient, guettant l'horizon qui les attend. Ils traversent toute la scène avec une méthode rodée en ne mettant jamais le pied au sol, se passent les chaises de mains en main pour que la dernière passe devant et que le cortège puisse avancer encore d'un pas. C'est comme s'ils construisaient le chemin qu'ils empruntent pour le faire disparaître aussitôt passé, et effacer toute trace de leur passage.

La seule chose qui importe est d'avancer, quels que soient les obstacles.

L'exode de tous les déracinés.

On se croirait dans « Six personnages en quête d'auteur », on assiste à une faille temporelle, à l'apparition simultanée de deux mondes totalement étrangers : au premier plan la bourgeoisie raffinée en extase dans son luxe, les clameurs victorieuses de la symphonie, la quiétude, au second plan ces hommes et ces femmes traquées, protégeant frileusement leurs vies dans leurs manteaux trop fins.

Dans la deuxième partie, c'est un monde beaucoup moins réaliste qui entre en jeu. Monde de symboles et de fête, de réconciliation, de vie, de rires, de beuverie et de danses. Ce sont alors des musiques tziganes et juives qui emportent tous les personnages dans des scènes de pure fantaisie. Une allégresse qui oblige la bourgeoise à se défaire de ses apparences et rentrer furieusement dans cette presque folie.

Pour figurer ce changement radical d'univers, une vaste piscine a envahi le plateau et l'eau jaillit. Elle envahit tout. Les danses et les scénettes se succèdent dans cet univers aquatique, et les images aussi, d'une très belle eau.

L'eau comme force vitale, comme purification, comme élixir.

Les interprètes, aussi bien en danse qu'en jeu, sont extrêmement justes, performants, lumineux.

Mais l'unité entre les deux parties manque. La construction dramatique si forte au départ s'étiole totalement dans la seconde partie et l'on a l'impression d'avoir abandonné nos exilés en route pour s'attacher à un présent festif et insouciant. Un présent parfois beau, parfois touchant (comme l'image furtive de cette femme transformée soudain en fille de joie) mais totalement dénué de fil dramatique et de sens et presque loin de nous, comme si une distance nous tenait éloigné de cette fête libératrice. Et l'on regarde ces ébats un léger sourire aux lèvres, comme on regarderait des enfants jouer au bord de l'eau.

Bruno Fougniès

 

Lazurd, viaje a travès del agua

Compagnie Senza Tempo
Direction artistique : I.Boza, C.Mallol
Adaptation, reprise 2013 : Inés Boza

Avec : Claudia Solwat, Fátima Campos, Natalia Jimenez, Gallardo, Marc de Pablo, Nel.lo Nebot

Musique : Klezmer, Sefardí, Gitanos del mundo, Barroca español
Bande sonore originale : Alex Polls
Espace scénique original : Carlos Mallol
Réalisation scénographie : Maria de la Cámara - adaptation, reprise 2013 : Angel de Juan
Costumes : Josep Abril et Ester Mir – Adaptation : Viviane Calvitti As Meninas
Design lumière : Eduard Inglés – adaptation, reprise 2013 : Alberto Barbera production & communication : AnSó. (AnneSophie) Raybaut-Pérès & Gemma Masso

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