OLIVIER DESBORDES

Rencontre avec Olivier Desbordes, directeur artistique du festival de Saint-Céré

 

Olivie  Desbordes loupe Photo © Claude Bourbon

Rencontrer Olivier Desbordes, c’est comprendre ce qu’est une passion.

Une passion pour la musique sous toutes ses formes qui l’a mené depuis 36 ans à présider aux destinées de ce festival qu’il porte à bout de bras, à bout de cœur.

« J’ai découvert la musique ici à Saint-Céré où je venais en vacances dans la maison familiale. Et j’ai eu envie de participer, d’abord pendant dix ans bénévolement ».

Quarante six ans plus tard, le festival est solidement installé, il a acquis une renommée qui lui vaut chaque année un public fidèle.

« Je ne suis pas du sérail, je me suis organisé mon univers. Après un passage à Dijon, je suis revenu à Saint-Céré. L’important dans la vie c’est de trouver sa place. C’est un peu l’histoire  du rat des villes et du rat des champs. »

 Attaché au discours politique, Olivier Desbordes s’est fait un nom en tant que metteur en scène où on retrouve inévitablement sa « patte » quelle que soit l’œuvre abordée, ce mélange d’humour, de dérision pour mieux retrouver ce qui résonne encore à notre époque.

Ce qui l’intéresse c’est trouver ce que le livret veut dire. Dans Lucia di Lammermoore monté l’an dernier, c’était le rôle de la femme.  Cette année le thème qui unit La Périchole, L’opéra de quat’sous et La Traviata, c’est le masque.

« Le spectacle est un lieu d’apparence et d’artifice qui est moyen de découvrir ce qu’il y a au-delà : la farce sociale et la face intérieure. La Périchole qui travestit ses origines par arrivisme, Brecht dans l’Opéra de quat’sous qui utilise les clichés bourgeois et la Traviata qui se dépouille de son habit social ».

D’une grande culture cinématographique, il puise ses références au gré des films, Pour La Traviata,ce sont  La règle du jeu de Renoir, Identification d’une femme d’Antonioni et surtout Persona de Bergman. Persona étant mot latin désignant les masques derrière lesquels dans l’Antiquité les acteurs dissimulaient leur visage.

« Référence à Jung, pour qui la souffrance humaine venait du conflit entre le persona, le masque social, et l’alma, le subconscient. »

Son moteur, c’est l’aventure humaine que représente chaque spectacle.

« J’aime accompagner les gens. Mes mises en scène ne sont pas écrites à l’avance. Je sais où je vais, mais j’attends de voir les premières répétitions, comment cheminent mes interprètes. »

Il aime aussi retrouver les compagnons de route, et ceux aussi qui correspondent à ce qu’il nomme une fidélité de trajectoire.

« J’avais mis en scène Burcu Uyar dans Lucia. Cette année elle est Violetta. Je lui ai dit, je fais un pari sur ton investissement scénique. »

Un pari pour lui aussi, qui aime bien se lancer des défis.

« La comédie j’en connais maintenant toutes les ficelles. Si je ne faisais que ça, je finirai par m’ennuyer. »

Ni ennui ni contraintes. Une maxime qui le fait avancer.

Toujours fourmillant d’idées, il pense à l’an prochain avec Les noces de Figaro où des extraits de l’œuvre de Beaumarchais remplaceront les récitatifs. Peut-être aussi Le barbier de Séville pour continuer Beaumarchais. Un auteur dont l’insolence ne peut que le séduire.

Et peut-être aussi remontera-t-il Le lac d’argent, qu’il avait créé en 1999 à l’opéra de Massy, dernière œuvre de Kurt Weill, du théâtre musical qui pourrait aussi être proposé à Figeac.

Nicole Bourbon

 

 

Mis en ligne le 11 août 2016