JOUR 6 – OFF : Trio à cordes – Castelnau : FALSTAFF

Festival Off : Trio à cordes

 

Direction Sousceyrac, par une chaleur écrasante, où nous attend la fraîcheur de la salle des Fêtes.

C’est un trio à cordes que nous allons découvrir, avec  Pauline Dangleterre au violon, Marie Kuchinski à l’ alto et Robin Defives  à la contrebasse. Le trio est une  forme peu utilisée par les compositeurs nous explique ce dernier, coincée qu’elle est entre le trio à cordes avec piano et le quatuor, plus carrés.

 

Trio à cordes loupePhoto Claude Bourbon

Le mini concert commence par quatre des trente variations qui composent Les variations Goldberg de Bach. Basées sur une technique en contrepoints, elles sont d’un extrême raffinement et exige énormément de dextérité.

C’est le cas de nos trois concertistes qui nous offrent là une prestation exceptionnelle avec l’aria  introductive, une sarabande lente, fondée sur un motif de basse répétitif,  puis deux canons l’un à l’unisson l’autre à la sixte et un dernier morceau où chaque instrument répond en pizzicati. Superbe.

Suivront deux des six mouvements du Divertimento de Mozart, seul trio qu’il ait composé puis un trio de Schubert, inachevé on ne sait pas pourquoi.

On est saisi par la qualité remarquable de l’interprétation, tous ceux qui se sont un peu frotté aux instruments à corde ou qui ont connu des débutants savent le nombre d’heures de travail que nécessitent ces instruments pour en tirer un son harmonieux !

On  en aurait bien écouté davantage mais les trois musiciens doivent rejoindre leur orchestre pour l’opéra Falstaff.

Direction le  château de Castelnau.

 

Château de Castelnau

 

Le château dresse sa masse fortifiée avec ses  tours, bastions et mâchicoulis parfaitement restaurés, dominés par les trente mètres d’un imposant donjon et flanqué à l’un des angles d’une énorme tour large de quatorze mètres équipée d'archères canonnières.

 

Château de Castelnau loupePhoto Claude Bourbon

C’est la forteresse médiévale la plus importante du Quercy, l'ensemble architectural est impressionnant, tout autant que la vue offerte le long du chemin qui y mène.

L'intérieur renferme les collections de Jean Mouliérat, mécène qui  sauva le château de la ruine en 1896, meubles anciens divers, et art statutaire et qui fit don du bâtiment à l’État en 1932.

L'église du château, construite au xive siècle a été classée monument historique le 18 mars 1913.

Dans la cour, et on apprécie d’être en extérieur par cette chaude soirée d’été, des gradins sont installés pour le spectacle de ce soir.

 

FALSTAFF

 

Falstaff loupePhoto Nelly Blaya

Je ne connaissais pas Falstaff, dernière œuvre de Verdi. Avec cette seule œuvre comique dans son répertoire, le compositeur a semble-t-il voulu à la fin de son existence, nous laisser un ultime message : le monde est une farce. Changement de style qui rappelle comme le suggère Olivier Desbordes celles de Mozart avec La flûte enchantée ou Offenbach avec Les contes d’Hoffmann

« Il est étonnant et émouvant, nous dit-il, qu’au seuil de leurs vies ces artistes aient eu envie d’une pirouette comme de vrais saltimbanques. »

C’était donc une découverte, et je dois dire que je l’ai trouvée plutôt déconcertante. Point de grandes envolées, pas d’airs de bravoure, un livret pas très intéressant.

Heureusement il y a « l’habillage », et si comme je l’écrivais hier La Périchole semblait écrite pour Olivier Desbordes, Falstaff l’est encore plus, tant tout y est démesuré, drôle, provocant avec une once de féérie et de tendresse et mâtinée parfois d’une légère amertume. Une folie telle que les affectionne le metteur en scène qui s’en donne à cœur joie, retrouvant avec délices des personnages qu’il connaît bien pour avoir déjà vécu avec eux il y a une dizaine d’années.

Comme toujours à Saint-Céré les décors signés ici Patrice Gouron parviennent intelligemment sans moyens démesurés, à nous transporter ailleurs. Rien de pseudo réaliste, tout est suggéré.

Sur le plateau, devant l’orchestre, simplement dix-huit tables accolées, qui serviront de support au banquet ou encore de scène. Plus tard des pinces à linge, des cordes, des feuillages suffiront à créer l’illusion théâtrale, d’autant que le cadre superbe du château de Castelnau donne à lui seul à l’ensemble une allure des plus shakespeariennes (Rappelons que l’œuvre est inspirée en grande partie des Joyeuses commères de Windsor).

Dès l’entrée en scène, on est interpelé par l’allure générale des personnages, d’un grotesque très travaillé, assez proche de la commedia dell’Arte avec faux nez, grandes capes, chapeaux à larges bords et maquillages appuyés.

La distribution est très théâtrale avec un jeu convaincant, mais on comprenait difficilement ce qui était dit, la musique couvrait souvent les voix, la faute peut-être au fait de jouer en extérieur quand un léger vent vient parfois perturber le son.

L’orchestre dirigé de main de maître par Dominique Trottein donne couleur et relief à la partition certainement difficile des accompagnements de mélodies aux harmonies trop audacieuses pour qu’on les ait immédiatement dans l’oreille. Un seul air paraît un peu plus populaire dans la scène 2 de l’acte II : « Quand j’étais page », avec une instrumentalisation légère qui laisse toute sa place à la voix.

De belles scènes à retenir : l’entrée de Falstaff portant un épouvantail, la forêt agitée par le vent, la procession, et parfois des ombres immenses sur les vieilles pierres du château.

Et le final, haut en couleurs, avec des allures orgiaques.

Mais derrière la bouffonnerie, point l’amertume avec ce constat final « Le monde est une farce, chacun est dupe ».

Un Falstaff surprenant qui donne réalité à la volonté de Michel Fau et Olivier Desbordes de faire de ce festival Figeac/ Saint-Céré 2015 de revendiquer « la liberté, utilisant l’ironie, la satire, la tendre moquerie, la bouffonnerie comme des armes contre les drapeaux noirs de l’ignorance ! ».

Nicole Bourbon

 

Falstaff

De Giuseppe Verdi
Version française d’Arrigo Boito
D’après "Les Joyeuses Commères de Windsor" de Shakespeare
Mise en scène Olivier Desbordes
Direction musicale Dominique Trottein
Assistant mise en scène Damien Lefèvre

Avec :
Christophe Lacassagne (Falstaff)
Marc Labonette (Ford)
Laurent Galabru (Fenton)
Valérie Maccarthy (Alice Ford)
Anaïs Constant (Nanette)
Sarah Laulan (Mrs Quickly)
Eva Gruber (Meg Page)
Jacques Chardon (Bardolfo)
Josselin Michalon (Pistola)
Éric Vignau (Docteur Caïus)

Décor et Lumières Patrice Gouron
Costumes Patrice Gouron et Laure Bouju
Maquillages Pascale Fau

 

Mis en ligne le 13 août 2015

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