VIVE LA VIE

À ESR à Sion
les 28-29-30 octobre et les 5-6-7 novembre
et les 9 et 10 décembre au théâtre Interface de Sion

 

loupe 

« Vive la vie »… Depuis l'apparition de l'électricité en Valais jusqu'à nos jours

Une magnifique fresque.

 

La dernière création d'Interface… un grand souffle épique.

Nous voici transportés fin du XIX° siècle dans une famille de paysans du Valais confrontés à la montée de l'électricité, invention qui va révolutionner leur vie.

On sent bien la lourdeur des traditions, les oppositions de génération, le poids du pater familias.

Ils sont là chez eux à s'émerveiller de l'éclairage qui les met en lumière et de l'eau qui coule du robinet, mais malgré tout certains redoutent les changements de société que ce progrès  apporte.

On va les suivre de générations en générations jusqu'à l'apparition du smartphone.

Si le progrès est là, apporte-t'il autant de bonheur qu'espéré.

Il semble bien que non, le progrès a son lot d'inconvénients, les êtres se trouvent écartelés dans cette nouvelle vie, l'homme au milieu de tout cela perd  ses repères, se voit projeté en avant au devant de lui même.

Là est un point essentiel, l'opposition entre le progrès et l'être. On ne peut nier le changement, le refuser sans perdre de son essence, de sa relation à l'autre de son moi intérieur.

On ne peut nier le progrès, refuser les énergies qui nous entourent et nous servent... combat de David contre Goliath qu'à transposé avec brio la compagnie Interface.

Ils ont su placer cette joute au sein d'une famille de paysans qui voient d'un côté les bienfaits des technologies naissantes et d'un autre côté leur univers familial se modifier.

Une fresque dont les musiques interprétées avec un bonheur absolu en grande partie par la cantatrice Johanna Rittiner- Sermier et un chœur en direct donnent une résonnance particulière au propos. Une peinture sociale dansée et jouée avec beaucoup d'énergie.

En arrière plan le jongleur lunaire interprété par Joseph Viatte apporte un contrepoint très intéressant, rempli de poésie et de douceur.

Encore une fois Géraldine Lonfat a mis tout son cœur et son dynamisme à composer et jouer cette chorégraphie dans un élan généreux alternant les mouvements de groupe avec les solos, pour éclairer la complexité de la situation sociale et les élans de l'individu.

André Pignat a composé avec Johanna Rittiner-Sermier une musique envoutante et puissante aux sonorités slaves qui enveloppe le spectacle comme un halo d'où surgissent les éléments.

La mise en scène de Géraldine Lonfat et d'André Pignat est précise, évocatrice, comme le fil d'une lame qui découpe la vie.

Le texte de Thomas Laubacher est simple, dépouillé et juste, il décrit bien cette grande mutation sociale restant auprès du groupe social qui vit cette évolution.

Ce récit est magnifiquement interprété par une compagnie de comédiens danseurs chanteurs de haut niveau.

ESR qui avait donné carte blanche à Interface pour célébrer son 20° anniversaire a du être comblé par cette proposition si dense et si éblouissante.

Jean Michel Gautier

 

Et le progrès dans tout ça ?

19ème siècle dans les montagnes valaisannes .

L'essence même du labeur, vie simple et austère mais néanmoins noble, en accord avec le caractère des paysans .

Inéluctablement, le progrès arrive et l'électricité surgit...faisant naître dans leurs âmes l'impression du sublime. Un joli clin d'oeil d'une des scènes du film « Rain Man » met en lumière ce délicieux moment. Comment résister à cette facilité et à l'apparition de l'eau qui coule seule des robinets ?

Surtout ne jamais les fermer de peur qu'elle ne s'arrête …

Les générations s'affrontent et se succèdent, les mots fusent, les idées divergent, la ville, le nouveau, le modernisme attire les jeunes...nous connaissons tous la suite...elle nous mènera à nos jours avec l'ère du portable et tout le superflu dont nous disposons.

Des scènes animées de la vie nous transportent dans un tourbillon d'émotions qui nous amène dans l'extraordinaire. Le texte est brut, sans fioriture, à l'image des gens du terroir avec leur vil mépris de la quête d'une vie de mollesse.

Géraldine Lonfat nous livre comme à l'accoutumée et peut être encore davantage, sa grâce, son talent et sa délicatesse qui n'appartiennent qu'à elle. Elle se livre, se donne et c'est le cœur de la vie qui bat, qui s'interroge, qui lutte. La chorégraphie de Géraldine  est empreinte d'un réalisme et d'une profondeur qui nous atteint et nous émeut.

La métaphore du progrès est incarnée par Joseph, telle une harmonie en arrière plan qui manie ses sphères et autres avec brio. Il nous enveloppe par la puissance de la douceur de ses gestes.

Tout au long du spectacle, la cantatrice nous porte grâce à sa voix intense et passionnée  qui nous transperce. Nous sommes captivés par l'émotion qu'elle dégage, son investissement est total et nous donne le frisson.. 

André Pignat et Géraldine Lonfat ont su avec une grande justesse retranscrire cette dualité entre l'acceptation ou le refus du progrès, le recevoir sans se perdre soi même. Ils laissent le libre arbitre à chacun, mettant en avant la beauté de la musique, de la danse, du texte et du chant. La musique, véritable  colonne vertébrale retransmet l'émotion et la force de la pièce.

Un puissant hommage à l'encontre de nos aînés, une ode à la vie et à l'espoir dans l'humanité.

Fanny Inesta

 

Vive la vie

par la compagnie Interface
texte de Thomas Laubacher
mise en scène Géraldine Lonfat et André Pignat
chorégraphie Géraldine Lonfat
lumière Jérome Hugon
musique André Pignat et Johanna Rittinier-Sermier
costumes Kim Salah

avec Garaldine Lonfat, Johanna Rittinier-Sermier, Marie Lanfroy, Daphné Rhéa Pelissier, Sara Dotta, Thomas Laubacher, Paul Patin, Rémi Fardel, Fernando Carillo, Nathan Itéma, Joseph Viatte

 

Mis en ligne le 23 octobre 2017