MAIS N’TE PROMENE DONC PAS TOUTE NUE

Comédie de Picardie
62 rue des Jacobins
80000 Amiens
03 22 22 20 20

Jusqu’au 20 décembre 2018
Mardi, mercredi, samedi 19h30, jeudi et vendredi 20h30, dimanche 15h30

 

Mais n’te promène donc pas toute nue loupePhoto © Ludo Leleu

Avant même que la pièce ne commence, quand face au public deux comédiens portent, comme des manifestants en colère, un vaste drap sur lequel est écrit à la peinture noire et en lettres capitales « SI VOUS N’AIMEZ PAS FEYDEAU, SOYEZ SÛRS QU’IL NE VOUS AIME PAS NON PLUS », on se doute déjà que ce que l’on s’apprête à voir ne sera pas exactement une représentation classique du vaudeville petit bourgeois que l’on croit connaître. Mais l’on est loin encore de deviner tous les glissements qui vont suivre... Non seulement la mise en scène de Charly Marty transpose l’action dans les années 60 de la France satisfaite des Trente Glorieuses, mais elle revisite ponctuellement la lettre du texte pour mieux en respecter l’esprit, pousse plus loin sa logique et lui insuffle une énergie qu’on ne lui soupçonnait pas, bien aidée par une troupe de comédiens complices. Il y a certes des portes qui claquent comme l’exige le genre, mais elles claquent ici sur une arrière-scène mise à nue – elle aussi. Aussi les codes scénographiques finissent-sil par imploser et le spectacle de devenir peu à peu plus déjanté, surprenant, parfois potache et graveleux, toujours nouveau.

Certains crieront peut-être à la trahison, d’autres resteront perplexes devant la fin du spectacle, beaucoup plus visuelle et réfléxive, qui transforme la scène en un tableau vivant d’insurrection. Mais il fallait bien ça pour renouveler notre regard sur cette œuvre qu’on avait trop vite rangée dans la case du théâtre à papa. De fait, on rit beaucoup et de bon coeur, comme l’on est interpellé par la question de la liberté des femmes et des autres enjeux politiques qui sont soulevés.

Du Feydeau tel que vous ne l’avez jamais vu, donc. Si vous aimez Feydeau, allez-y pour le redécouvrir. Et si vous n’aimez pas Feydeau, courez-y pour vous laisser surprendre à l’aimer.

Frédéric Manzini

 

Mais n’te promène donc pas toute nue

D’après Feydeau
Mise en scène : Charly Marty
Lumière : Hugo Dragone
Son : Vincent Fleury
Costume : Betty Rialland
Scénographie : Analyvia Lagarde

Avec : Mathieu Barché, Yannik Landrein, Camille Roy, Charles-Antoine Sanchez, Simon Vincent, et les voix de Marie-Thé Lévêque et Jacqueline Marty

 

Mis en ligne le 15 décembre 2018