ADIEU POUPÉE (La femme sans passé)

au Théâtre D'O

domaine d'O, 178 rue de la carrièrasse

34090 Montpellier

les 17, 18, 19 janvier 2010 à 19h.

 

 

Nous lisons tous les descriptifs des pièces afin de porter nos dévolus sur celles que nous irons voir durant la saison. Et il faut bien avouer que celui d'Adieu Poupée était des plus alléchants. Questionner l'humanité par le biais de poupées inanimées pouvant amener un grand moment de théâtre. Pourtant, à la sortie de la salle, on ne peut se défaire d'un sentiment contradictoire et complexe.

Au premier abord, le spectacle semble travaillé et réfléchi. L'espace scénique du théâtre a été revisité avec la mise en place d'un gradin en forme de « L » afin de créer une plus forte intimité. Le décor est fort avec une multitude de poupées occupant tout l'espace, créant ainsi un univers esthétique à la croisée des chemins entre Tim Burton et Bertholt Brecht. La comédienne, habillée du même tissu que ses poupées, est déjà sur le plateau et brode le visage d'une poupée. Tout semble en place pour un moment plaisant de théâtre. Malheureusement la suite n'est pas celle que l'on pouvait espérer. Le texte est absent, si l'on met de côté les trois ou quatre tirades de quelques minutes à peine d'un intérêt discutable. En effet, apprendre qu'un être humain doit respirer, manger et ne peut pas vivre sous l'eau même s'il peut nager semble quand même très limité. La dernière tirade semble toutefois plus intéressante mais après une heure de spectacle à attendre, l'écoute n'est plus au rendez-vous.

Le spectacle se compose donc d'une longue chorégraphie, parfois entrecoupée de bouts de texte et d'onomatopées, sur une musique discontinue du début à la fin où le décor n'est pas au service de l'actrice mais où l'actrice est au service du décor. Elle ne cesse de faire évoluer le décor, le construisant et le déconstruisant en même temps, et il faut bien admettre que par ce biais, elle nous donne à voir de très beau moment au sens esthétique et visuel du terme. Mais à part ces quelques moments qui ravissent les yeux, le spectacle est creux, lent... On attend. On espère qu'un moment de théâtre se produise. Du coup, dans le public ça baille. Certains même étant arrivés à s'endormir malgré l'inconfort des gradins sans dossier.

Depuis quelques années, les arts ont tendance à se mélanger. Dans le cas présent, ils se sont tellement mélangés que cela ressemble plus à une bouillie verdâtre qu'à une forme particulière. Avec moins de texte, cela pouvait donner un spectacle de danse agréable. Sans les gradins, on aurait pu assister à un très bon module d'une exposition contemporaine. Avec beaucoup plus de texte, le théâtre aurait pu s'inviter à la fête. Mais aucun de ses choix n'a concrètement été fait. On vient voir une œuvre qu'on nous dit être une création théâtrale et au final on ressort un peu frustré d'avoir attendu en vain des moments de théâtre. Certes les yeux sont ravis, mais le théâtre est absent.

 

Florian Gosselin

 

Création des poupées et jeu : Jeanne Mordoj

Mise en scène : Julie Denisse

Texte : François Cervantes

Mise en son : Isabelle Surel

Création lumières : Pauline Guyonnet

Regard chorégraphique : Caroline Marcadé

Costumes : Elisabeth Cerqueira

Peinture du décor : Catherine Rankl

Accessoires : Pascal Demory

Construction du plancher : Mathieu Delangie

Regie générale et régie plateau : Eric Grenot

Regie lumière : Claire Villard.

 

http://www.jeannemordoj.com/index.htm