PLATONOV

au Théâtre des treize vents

(domaine de Grammont CS 69060

34965 Montpellier cedex 2)

du 20 au 28 janvier 2011


© Eva Tissot

 

Depuis quelques années, les théâtres ont tendance à programmer beaucoup de pièces classiques, espérant ainsi attirer un public moins averti dans leurs salles. Mais reprendre une œuvre du répertoire commun n'est jamais chose aisée. Entre les puristes qui souhaitent un respect strict du texte et de l'époque, et les modernistes qui veulent que l'on actualise la pièce à tout prix, faire un choix assumé de mise en scène révèle souvent du casse tête. Cela nous donne à voir bien souvent des mixtures informes durant lesquelles le temps s'écoule tellement lentement qu'on n'a de cesse de se répéter durant tout le spectacle qu'on aurait gagner du temps à lire l'intégrale de l'auteur trois fois consécutives !

 Mais là, on ressort de cette version de Platonov heureux d'avoir pu assister à un vrai moment de théâtre comme on aimerait en voir plus souvent.  

Il est vrai que voir, à la lecture du programme, que le spectacle dure 3h30 sous réserve, peut en décourager certains. Cependant on ne voit pas le temps passer durant ce spectacle. On est même surpris que l'entracte arrive aussi rapidement, même si un coup d'œil furtif à notre montre nous indique que 2h de spectacle se sont déjà écoulées. On revient donc dans la salle impatient de voir la suite et surpris de voir que presque personne n'a profité de cette pause pour prendre la poudre d'escampette.

 Car il est vrai qu'on ne peut trouver que très peu de choses à redire sur ce spectacle. La mise en scène est certes plutôt simple mais efficace et sans bavure et nous tient en haleine par un rythme très soutenu. Le niveau de jeu est très bon, malgré quelques inégalités et petits coups de fatigue visibles  dont on ne tient pas rigueur vu la durée de la pièce et la cadence rapide que les acteurs doivent supporter. Il faut même souligner l'excellente prestation, et je pèse mes mots, de l'acteur Frédéric Borie qui tient d'une main de maître le rôle du personnage éponyme. L'univers scénique est, quant à lui, esthétique et sobre afin de nous mener avec brio dans l'univers de la pièce. On pourra toutefois regretter les quelques accents d'un théâtre classique éculé qui apparaissent de temps en temps dans le jeu des acteurs et la forte accentuation comique qui, en plus d'embrouiller parfois un peu la trame narrative, gâche quelques moments de drame théâtral. Ces points négatifs sont toutefois assez anecdotiques et ne ruinent en rien le plaisir immense que l'on éprouve.

L'intemporalité de la pièce a certainement contribué à la réussite de ce projet.

Cette pièce nous remet en mémoire que Tchekhov est un grand auteur dramatique qui a encore toute sa place dans les salles de spectacle. Et c'est une bonne chose de nous rafraîchir la mémoire à ce sujet là quant on repense à toutes les reprises des œuvres de son répertoire desquelles on sort déçu et l'âme en peine. Le Platonov de la compagnie machine théâtre est un pur délice et il serait idiot de ne pas pousser un peu plus loin en disant qu'il faut absolument l'avoir vu tant il se rapproche de la perfection.

 

Florian Gosselin

 

Mise en scène : Nicolas Oton

Avec : Ludivine Bluche, Frédéric Borie, Lise Boucon, Brice Carayol, Dominique Ferrier, Christelle Glize, Laurent Dupuy, Franck Ferrara, Vincent Leenhardt, Céline Massol, Patrick Mollo, Patrick Oton, Alex Selmane, Thomas Trigeaud, Mathieu Zabé

 

http://www.machinetheatre.com/