VÉRONIQUE DO

 

Véronique Do loupe 

Interview de Véronique Do

 

Regarts est de retour cette année au Festival de Figeac et Saint Céré dans le Lot, avec cette année quelques têtes d'affiches comme Fanny Ardant, Michel Fau et bien d'autres. C'était l'occasion pour nous de rencontrer Véronique Do, directrice de ScenOgraph, Scène Conventionnée Théâtre et Théâtre Musical . Interview de notre envoyé spécial à Figeac et Saint Céré, Frédéric Manzini.

 

Nous sommes au milieu du festival, c'est-à-dire plutôt la fin en ce qui concerne le théâtre et le début en ce qui concerne l'opéra et la musique. Quels premiers bilans tirez-vous de cette édition 2018 ?

Les chiffres de fréquentation sont bons. Nous faisons le plein et nous continuons à enrichir et à diversifier la qualité de la programmation. Nous avons un public averti, avec un noyau important de fidèles qui renouvellent leur abonnement d'année en année, et qui nous suivent dans les risques que nous prenons dans des propositions auxquelles ils ne s'attendaient sans doute pas. Et c'est ce dont ils ont envie.

 

Parlons d'abord économie et gestion de l'événement. Craignez-vous la baisse programmée des subventions de tout ordre ?

Nous sommes épargnés. D'abord, parce que les financements sont globalisés depuis 2014 dans le budget de la scène conventionnée que je dirige. Autrement dit, le festival d'été bénéficie des mêmes subventions que celles dont profite la saison régulière au Théâtre de l'Usine de Saint-Céré, qui a lui-même une double vocation de théâtre et de théâtre musical. Cette complémentarité entre l'offre estivale et le travail tout au long de l'année est l'une de nos forces. Ensuite, parce que les collectivités locales (la région Occitanie, mais également les villes de Figeac, de Saint-Céré et du grand Cahors) ont tenu à maintenir le montant de leur engagement en ce qui nous concerne, ce qui est un signe fort de leur satisfaction. A priori rien semble indiquer qu'il en aille différemment à l'avenir, même si nous cherchons aussi à développer des pistes dans le mécénat.

 

C'est-à-dire ?

L'entreprise Andros notamment, si l'on peut la nommer, discrètement mais efficacement, nous aide à promouvoir une politique d'accessibilité au spectacle pour les ouvriers et d'éducation artistique pour les familles à travers des actions dans les collèges du secteur. Cela nous aide à développer des projets et à former le public d'aujourd'hui et de demain. Le public qui vient à nos spectacles est d'ailleurs de plus en plus un public de la région, grâce à ce travail mené.

 

Sur le plan artistique maintenant, on voit que la spécificité du festival est de se tenir sur deux villes, d'aborder à la fois le théâtre et l'opéra. Et à l'intérieur même de la programmation, de mêler des formats et des registres très différents. Pourquoi cet éclectisme ?

C'est vrai qu'il y a une grande diversité : dans le répertoire avec Andromaque de Racine, la Vie est un songe de Calderon, les adaptations d'Eugénie Grandet ou de Victor Hugo, ainsi que pour l'opéra La Traviata, les Noces de Figaro ou les Contes d'Hofmann. Et de la création contemporaine : le collectif Moebius, Emma le clown, l'univers de Pierre Meunier pour ne citer qu'eux. Cette diversité est également celle des lieux de représentation : des jardins, des châteaux, des salles de spectacles petites et grandes, dans différents lieux de la ville, etc. Les lectures, par exemple, sont très appréciées : elles permettent de s'ouvrir à un large public. Sans parler des apéro-rencontres, tous les jours à 11h30, qui permettent un vrai temps d'échange.

 

Ne risque-ton pas de s'y perdre ?

Non, car il y a un axe fort dans notre programmation : la création. Grâce au travail dans l'année et aux résidences offertes par le Théâtre de l'Usine, nous pouvons soutenir des projets en création : Anne Delbée, Clément Poirée, ou encore cette année Benjamin Moreau qui crée le Devin du Village. En espérant que cette opportunité facilite ensuite la diffusion des spectacles. Par exemple Nevrotik Hotel a été créé il y a deux ans à Figeac avec Michel Fau, avant de tourner dans toute la France – dont les Bouffes du Nord il y a quelques mois – et de revenir à Figeac. Nous portons une attention particulière aux jeunes compagnies et aux compagnies régionales de l'Occitanie. Mais c'est encore plus vrai pour Saint-Céré, où il y a peu de programmations. C'est vraiment un festival de créations, et de créations portées par la maison, dans la lignée de ce qu'ont initié Olivier Desbordes et d'autres. À partir des artistes qui sont sur place, nous déclinons des petits formats, en duo (par exemple cette année Autour de Vivaldi, clavecin et violoncelle) en trio, en quatuor ou en quintette. Les accueils existent, mais ils restent plus marginaux.

 

Justement, pouvez-vous nous dire quelles seront les créations pour l'édition 2019 ?

Je peux d'ores et déjà vous annoncer qu'Olivier Desbordes créera au théâtre de l'Usine, La vie Parisienne fin janvier 2019, qui tournera entre février et mai pour venir en août à Saint Céré. Pour le reste, rien n'est encore arrêté. Il faudra venir sur place pour voir !

Propos recueillis par Frédéric Manzini

 

 

Mis en ligne le 23 juillet 2017