LE BALLON BLANC

L’ARRACHE-CŒUR

13, rue du 58è R.I - Porte Limbert
84000 - Avignon 

à 10h10

relâche les 10,17 et 24 juillet

 

Le Ballon blanc loupe 

Chronique de PierPatrick

 

Un bel écrin de 90 places situé au premier étage du Théâtre L’Arrache-Cœur : la Salle Vian nous ouvre ses portes.

Et là, première surprise, premier envoutement. Un décor sur damier noir et blanc enchante immédiatement nos pupilles. Je ne résiste pas au délicieux désir de vous le montrer.

Le spectacle commence… Immédiatement la magie opère…

D’abord, le propos : imagine, imagine !

Un retour vers la maison de ton enfance, peuplée de souvenirs, de personnages étranges et d’un ami de toujours, le petit clown… Tu y es ? L’histoire commence…

La malice aussi ! Un long cheminement inverse de la mémoire et le monde se peuple, se tord, s’invente, comme par enchantement.

« Je suis personne ! Un enfant, c’est personne ? »

La mise en scène de Lucia Pozzi articule les deux comédiens « formidables » avec la régularité d’une montre suisse. Fluidité, rythme, tout concours à la réussite de ce voyage théâtral. On redonne ici sa dignité à l’enfant ! Rien de gnangnan ! Ouf ! L’intelligence et l’émotion sont de la partie. L’enfant est roi, oui, ses parents aussi ! Na ! D’ailleurs ma part d’enfance ne constitue-t-elle pas le socle le plus solide de mon existence, hein ?

Et que dire de Grégoire Aubert, auteur inspiré de ce récit, merveilleux acteur, qui entre si parfaitement dans la peau de son personnage.

Et d’Axelle Abela, hypnotique, qui complète la troupe avec espièglerie, accordéon et jonglerie. On la croit sortir d’un tiroir bourré de farces et attrapes ! D’ailleurs, j’ai cru apercevoir la queue d’un des 101 dalmatiens à taches blanches tant l’évocation que j’ai reçue de Cruella était parfaite.

On rit, on rit beaucoup dans ce spectacle, avec le cœur, comme un enfant ! Et parfois même, un peu plus, quand les mots sortent en grinçant. Mais ça, il vous appartient de le découvrir.

Spectacle de grande beauté ! A voir absolument !

 

 

Chronique de Fanny Inesta

 

Le ballon blanc

Une plongée dans l'enfance

Quarante ans ont passé. À l'heure où les souvenirs surgissent, un homme se retrouve dans la maison de son enfance, « Marcher droit », la phrase fétiche de sa mère lui revient en mémoire, trajectoire imposée, ligne directrice qui a conduit sa vie      .

Mais surgit un jouet délaissé, oublié qui se rappelle à lui, c'était son ami, son meilleur ami. Il lui reproche son absence, mais malicieux et délicat il virevolte, le bouscule,  lui réapprend à jouer. C'est l'itinéraire de ses rêves d'enfants, de ses espoirs et de ses déconvenues.

Ses parents ne sont pas des modèles d'amour, tout ceci n'est pas idéal ! Une famille séparée, l'emprise d'une mère  dure et exigeante envers son fils, un père en général absent, représenté sous la forme d'un visage triste et endormi, une référence aux masques Nô.

Les problèmes de la société sont traités avec intelligence, humour et tendresse. Rendre conscients les enfants de leurs droits, leur dire que tout peut changer même s'ils ont souffert, que rien n'est définitif.

Et au dessus de tout cela il y a notre moi intérieur, le ballon blanc, ce supplément d'âme qui nous habite, que l'on oublie parfois, qui  se révèle. Sur la scène, beaucoup de blanc, vouloir redonner au monde des teintes pures et innocentes.

Mais elle  est séparée en deux univers, d'une part celui du jeu et d'autre part celui des codes placés de part et d'autre de la ligne blanche cette direction exigée, cette barrière. Et il y a ce jouet auprès duquel il peut se réfugier dans son nid douillet  ou il faisait bon vivre.

L'utilisation très ingénieuse des accessoires renforce le décalage entre l'imaginaire et le réel, tels la part d'enfance qui sommeille. L'accordéon accompagne les moments tendres, donnant une dimension supplémentaire

Avec beaucoup de délicatesse, l'écriture de Grégoire Aubert est toujours juste, lucide, audacieuse et moderne. Il apporte ce brin de magie où nous nous laissons porter. Un texte savoureux, drôle et émouvant. Il joue son personnage avec brio et les enfants ne s'y trompent pas !

La comédienne est sidérante de fraîcheur et de justesse, une âme pétillante et espiègle. 

La maîtrise du metteur en scène Lucia Pozzi n'est plus à prouver, c'est subtil, bien construit avec un rendu parfait,

Un spectacle pour tous qui fait réfléchir les parents et rêver les enfants, le public a longuement applaudi, et tous sont repartis avec un joli ballon blanc,

Ils jouent jusqu'au 30 juillet, ne les manquez pas, ce serait dommage !

 

 

Le Ballon blanc

de et avec Grégoire Aubert

avec  Axelle Abela

mise en scène Lucia Pozzi
scénographie Jean Bernard Tessier

 

Mis en ligne le 7 juillet 2017