LE SECRET DE LA PETITE CHAMBRE

Théâtre Girasole
24 rue Guillaume Puy
84000 Avignon
Tél : 04 90 82 74 42

Jusqu’au 25 juillet

13h45

 

Le Secret de la petite chambre loupe

 

 

Danse contemporaine en alternance avec un autre spectacle du collectif Zone Libre : « L’objet du délice » à 13h45 jusqu’au 30 juillet

Pièce chorégraphique pour trois danseuses.

Voici tout d’abord le noir absolu. Puis un fantôme blafard de forme incertaine se distingue peu à peu. Du pâle il devient or, ambre, peau, corps.

Ce sera trois apparitions énigmatiques, trois créatures qui vont s’échapper l’une après l’autre de l’obscurité, de l’opacité pour se montrer à nous quelques instants.

Elles ressemblent à des flammes de vie que le moindre souffle ferait disparaître. S’éteindre. Elles sont pourtant pleines d’une force animale.

Nues, les trois danseuses ne le sont jamais entièrement. La lumière les morcèle, les transforme en puzzle en trois dimensions, en révèle des bribes dans ses faisceaux étroits.

Ce sont ainsi trois histoires, trois expressions différentes que les chorégraphes Cathy Testa et Marc Thiriet racontent. Des chorégraphies qui refusent de se contenter de l’esthétisme admirable des corps féminins en mouvement. Postures, déplacements, pas, gestuels déroutent le conformisme du statuaire qui pourtant jaillit de partout.

Cathy Testa, qui interprète pour cette fois (mais les artistes échangent les partitions au fil des représentations) le premier solo, égrène tout d’abord une armure de muscles fins, jaillissant l’un après l’autre dans une lenteur tragique. Corps dont la construction se révèle bout à bout. Corps dont l’animation s’intensifie, devient danse, et éclatement lorsque la projection vidéo bouleverse les repères, l’habille, le dissimule et que l’énergie de ce corps palpitant s’éclipse dans les raies évocateurs d’un volet vénitien.

Le deuxième solo, interprété cette fois par Sylvie Cieren, étonne car la créature qui surgit de la nuit n’a pas de visage, pas de tête. Ses bribes de corps dansant sur les quatre jambes de ses pieds et ses mains, elle semble animal au long dos, insecte étrange, être fantasmagorique. Déplacements saccadés, spasmes, jusqu’à l’ultime image qui la fait enfin naître, naissance âpre du jaillissement hors de la chrysalide.

Pour le troisième solo, interprété par Lucie Blain, le corps s’installe sur de hautes semelles, cothurnes, compensées et tourne sur lui-même. Tourne, et tourne encre dans un mouvement sans un seul heurt, le mouvement des pieds totalement amorti par les hanches. Il tourne comme ces danseuses de boîte à musique. Jeux de bras ignorant de la course de la chaude lumière verticale sur ses courbes. Elle est comme une éternité, à la fois vivante et morte.

Dans ces trois passages, la lumière exalte sans cesse les angles et les courbes dans une volonté de s’inscrire dans les trois dimensions. La musique elle aussi, suit la même démarche. Elle mêle en profondeur instruments traditionnels et musique synthétique, donne du champ, éloigne ou rapproche, avec par moment des intrusions de chocs et respirations industrielles.

L’histoire de ce spectacle est inspirée par le roman de Yoko Ogawa :

« Une rumeur indique qu’une vieille femme se promène de ville en village avec derrière elle, une petite pièce hexagonale. Les personnes qui veulent transformer leur existence doivent s’asseoir dans cette petite pièce. »

Nous sommes dans cette chambre un peu magique.

Bruno Fougniès

 

Le Secret de la petite chambre

Par le collectif Zone Libre
Chorégraphes : Cathy Testa  et Marc Thiriet
Régisseur : Sanglar

Avec : Lucie Blain, Sylvie Cieren, Cathy Testa

 

Mis en ligne le 28 juillet 2016