LA CARTE DU TEMPS – Trois visions du Moyen-Orient

Théâtre des Halles
rue du Roi René
84000 Avignon
04 32 76 24 51 

16h30

Mis en ligne le 22 juillet 2013

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La carte du temps

Trois histoires comme trois portes ouvertes sur la folie des hommes, une folie appelée la guerre.

Tout se déroule dans un carré délimité au sol par une bande blanche continue. Un espace vide mais cerné par ces murs virtuels qui deviendront réels pour chacune des pièces.

C'est peut-être ce qui relie ces trois histoires entre elles en dehors de la situation géographique et historique où elles se déroulent (le Moyen-Orient) : l'isolement, qu'il soit imposé par des rangées de parpaings bétonnés, des grilles ou des traumatismes.

Une simple ligne sur le sol qui délimite l'action de jeu et qui sépare et qui suggère aussi les fondations en ruine, qui esquisse les souvenirs des ruines et des destructions sur le point de tomber dans l'oubli.

Le texte de Naomie Wallace tente à travers des personnages simples, anodins mais fauchés par les griffes de l'Histoire, d'explorer la perte de ces fondations qui sont le socle non seulement des sociétés mais des individus qui les composent.

D'abord un soldat israélien qui garde le zoo déserté et à l'agonie de Rafah. Il est plus détruit et plus mort que le désert cloitré qui l'environne, jusqu'à ce qu'une mère palestinienne vienne lui délivrer l'annonce de la vérité.

Puis ce père palestinien venant chercher son fils dans la poitrine d'une jeune femme israélienne, poitrine où les poumons de son fils ont été transplantés après son sanglant assassinat.

Enfin ce jeune irakien jadis passionné par l'élevage des pigeons qui ne reconnaît plus le monde qui l'entoure, ce monde hermétiquement fermé par l'embargo, ce monde dévasté par des milliers de morts.

Tous sont blessés, d'un côté comme de l'autre, pas tellement dans leurs chairs mais amputés soit de leurs consciences, soit de leurs enfants, soit de leurs raisons.

C'est un état des lieux, une visite dans un champ de bataille d'où quelques témoins agitent encore quelques mots ébréchés, sortant des ruines, hagards, pour dire, montrer l'injustice et l'abomination de cette violence.

Et pourtant le spectacle reste sage, cantonné à son parti-pris de pudeur et de distanciation. Il n'ose pas franchir la frontière du posé, du raisonnable, du réfléchi.

D'une écriture qui cherche à rendre compte de la souffrance en termes poétique ne ressort qu'une froide analyse. Il faut alors compter sur certains très bons interprètes pour rendre à ces personnages leurs chairs et leurs folies.

 

Bruno Fougniès

 

 

La Carte du Temps – Trois visions du Moyen-Orient

Auteur Naomie Wallace, traduction Dominique Hollier

Mise en scène Roland Timsit, scénographie et création lumière Philippe Quillet, musique Pierre Henry, costumes Sylvie Blondeau

Avec David Ayala, Charles Gonzalès, Dominique Hollier, Daniel Martin, Thibault Mullot, Afida Tahri, Roland Timsit

 

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