VIEJO, SOLO Y PUTO

La Commune – Centre dramatique national
2 rue Edouard Poisson    
93300 Aubervilliers

Jusqu'au 29 janvier
Mardi et mercredi à 19h30, jeudi et vendredi à 20h30, samedi à 18h et dimanche à 16h
Relâche le 18 janvier.

 

Viejo, solo y puto loupe

 

Nous sommes dans l'arrière-boutique d'une pharmacie de la banlieue de Buenos Aires. Cinq personnages évoluent dans un labyrinthe d'étagères pleines de médicaments. Deux frères sont là : Daniel et Evaristo. Daniel est à l'honneur puisqu'il vient d'obtenir – après dix années d’étude – son diplôme pour gérer l'officine. Evaristo, quant à lui, a l'habitude de passer des médicaments sous le manteau et trafique avec Claudio, un « visiteur médical» qui se trouve être aussi le maquereau des deux travestis Sandra et Yulia, qui complètent le tableau. C'est apparemment soir de fête puisque tous s’apprêtent à sortir au Mágico pour la soirée mousse. En attendant, ils partagent une pizza et quelques bières tandis que Sandra et Yulia se font injecter des hormones.

Il y a des silences, de la mélancolie d'abord puis de l’agressivité verbale et physique – même les baisers entre Claudio et Sandra ou Evaristo et Yulia ne sont pas tendres. C'est un huis clos oppressant : les personnages ne quittent jamais la scène même si parfois certains sont relégués au second plan où ils marmonnent des paroles inaudibles y compris pour les hispanophones et non traduites pour les non-hispanophones. Ainsi, la traduction sur-titrée privilégie toujours le texte qui se dit au premier plan. Cet effet rend le spectateur davantage étranger à la scène : tout n'est pas entendu, tout n'est pas dit. Personne ne nous prend par la main pour nous expliquer quoi que ce soit, on a l'impression de regarder ces personnages atypiques depuis le trou de la serrure. On plonge dans une atmosphère pour le moins glauque et âpre dont on ne comprend pas forcément les enjeux.

C'est pessimiste, violent, cruel et sordide parfois. Il y a quelques rires gras mais on peine à trouver une issue, d'autant plus que le temps s'étire, porté par la mélodie de l'accent argentin langoureux et cet air de cumbia qui semble se répéter sans cesse. Tous les personnages sont abîmés et l'on éprouve parfois une certaine compassion pour Sandra et Yulia tandis que les autres paraissent plutôt ridicules et grossiers.

Il n'y a pas vraiment d'histoire, c'est un instant de vie, un moment d’acmé dans la dégradation, porté par des acteurs dont le naturel laisse sans voix. Le texte offre parfois des pépites de poésie ou d'humour corrosif qui rappelle certaines scènes des premiers films d'Almodóvar. Un spectacle qui peut laisser perplexes ceux qui aimeraient davantage de contextualisation ; mais ne nous y trompons pas, ce n'est pas le récit d'une anecdote précise, c'est bien d'un théâtre social qu'il s'agit.

Ivanne Galant

 

Viejo, solo y puto

Un spectacle de Sergio Boris

Avec : Patricio Aramburu (Sandra), Jorge Eiro (Daniel), Marcelo Ferrari (Julia), Dario

Scénographie et costumes : Gabriela A.Fernández et Estefanía Bonessa
Lumière: Matías Sendón
Son : Fernando Tur
Maquillage : Gabry Romero
Assistant à la mise en scène : Adrian Silver
Traduction : Christilla Vasserot

 

Mis en ligne le 11 janvier 2015

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