TU TE SOUVIENDRAS DE MOI

Au théâtre de Paris (salle Réjane)
15 rue Blanche
Paris 75009

Jusqu’au 7 octobre,
du mardi au samedi à 21h.
Le samedi à 17h et le dimanche à 15h.

 

Tu te souviendras de moi loupe Photo philipducap©2018 fineartphotography

François Archambault est un auteur québécois, ici adapté par Philippe Caroit. On a francisé ce texte d'une portée universelle puisqu'il traite de la vieillesse. « La vieillesse, quel naufrage ! » affirmait de Gaulle.

Edmond peine à se sentir concerné : au tout début, face à une caméra et en compagnie de sa femme, il se défend d'avoir des problèmes de mémoire et pourtant, Alzheimer est passé par là. De retour en famille, on voit sa femme "craquer".  Abus des termes "oublier" "se souvenir". Le malheureux Edmond, laissé à sa fille, est infantilisé comme un enfant ou un chien. Il persiste, bien sûr, à prendre Patrick, le nouvel ami de sa fille Isabelle, pour Michel, l'ancien. Que Patrick laisse Edmond sous la garde de sa propre fille et on tient un vague fil...qui se dénoue assez vite.

Où nous emmène-t-on ? On est en confiance, Patrick Chesnais est égal à lui-même, plutôt bon, les autres comédiens assument, mais on cherche un enjeu. Il arrive quand même au bout d'un certain temps : Edmond prend Bérénice (fille de Patrick) pour Nathalie, sa deuxième fille, morte à 19 ans.

Ce thème aurait pu être exploité beaucoup mieux : ici, on se perd un peu dans les ciomplications domestiques, le départ de la mère avec un  autre homme (?) puis son retour. Edmond séjournant (et pour cause) chez sa fille, il finit par se réconcilier avec elle, les deux picolent, sous les yeux ébaubis de Patrick.

Le hic, c'est que l'auteur (ou l'adaptateur) en profite pour faire tenir au vieil homme un discours convenu (sur la politique, sur l'engagement, sur la communication, sur l'ex-président Mitterrand...) on s'ennuie un peu même si c'est bien joué et parfois drôle.

Nous avons droit à des projections (c'est décidément très à la mode) du visage de Chesnais, d'abord puis de synapses... et c'est plutôt bien venu.

Le décor reste énigmatique, moitié bambou, moitié futaie avec des parallélipipèdes blancs.

Au final, que retenir de cette chronique d'une fin (de mémoire et de vie) annoncée ?

Certains moments touchants, pas forcément ceux qui étaient prévus. Mais la fin (chanson de Johnny incorporée) emporte le morceau. Patrick Chesnais, inspiré, vit son rôle à coup de bougonnements, de silences habités et d'élans alternant avec des moments plus méditatifs. Il est bien entouré par sa fille Èmilie, (qui joue sa fille) et surtout Nathalie Roussel. En un mouvement de bras, en une mimique, elle campe un personnage qui se décompose. Qui ne maîtrise plus rien. Fanny Valette a une belle énergie et Frédéric de Goldfiem, d'abord ironique et distant, se rapproche puis s'éloigne de ce beau-père qui finira quand même par l'appeler par son prénom.

Gérard Noël

 

Tu te souviendras de moi

de Farnçois Archambault
Adaptation : Philippe Caroit.
Mise en scène : Daniel Benoin

Avec : Patrick Chesnais, Fanny Valette, Nathalie Roussel, Emilie Chesnais, Frédéric de Golffiem.

Scénographie : Jean-Pierre Laporte
Costumes : Nathalie Bérard-Benoin

Vidéo : Paulo Correia
Lumières : Daniel Benoin
Assistante mise en scène : Alice-Anne Filippi Montroché

 

Mis en ligne le 13 septembre 2018