SCÈNES DE VIOLENCES CONJUGALES

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
Tél: 01 43 28 36 36

Jusqu’au 11 décembre 2016
du mardi au samedi à 20h30
dimanche à 16h30

 

Scènes de violences conjugales loupe 

La référence au film d’Ingmar Bergman est claire mais le propos est complètement différent. Changement d’époque, changement de lucidité, autre manière de montrer la réalité. Ici il est directement question des violences faites aux femmes à l’intérieur du couple.

Sur une scène construite en blocs géométriques, sans aucunes courbes, comme pour mieux faire ressortir les corps, deux couples vont se former, s’aimer et finir par se détruire de l’intérieur.

Ce sont deux histoires apparemment différentes qui ne se croisent quasiment jamais même si leurs déroulements sont simultanés, dans le même espace.

On devine le choix sociologique fait par l’auteur et metteur en scène Gérard Watkins pour ses deux couples : le premier expose un conflit de classe sociale dans une rencontre entre un intello artiste avec une femme simple puéricultrice. Le second, un conflit culturel entre un orphelin français de province et une beurette de région parisienne en lutte (pour son émancipation) contre son éducation familiale. Une manière pour l’auteur de dire que la violence conjugale peut se dérouler dans n’importe quel milieu. Mais on sent bien dans  le choix de ces personnages une volonté théorique plutôt qu’une veine narrative forte.

On est ici de plain pied dans le théâtre documentaire qui joue avec l’identification des acteurs avec leurs personnages et sur un réalisme rappelant certains docu-fictions télévisuels. Les péripéties, les dialogues, les échanges amoureux ou haineux sont exposés dans une volonté de crudité. Fruits de l’analyse, les scènes ressemblent à des happenings, des joutes verbales et physiques, copies du réel. Tout ici est justifié par la sociologie, la psychologie, les faits.

Comme dans un acte psychodramatique, le verbe ici coule à flot comme si l’auteur avait voulu déverser toute la matière de son sujet sur le plateau. Tout ou presque passe par la parole, très peu par le jeu et les actes. Dans le fond du plateau, une multi-instrumentiste ponctue les scènes d’ambiances sonores ou de rythmes brutaux comme les gongs de combat ou la violence des échanges. Les quatre acteurs au plateau développent un jeu d’une pertinence totale et font preuve d’une énergie qui attache, séduit et permet de suivre chaque étape de ces deux histoires avec empathie.

La fin est étrange. Une fin où agresseurs et agressées deviennent chacun des victimes, une fin qui, à l’image des comédies classiques, tente de rassembler les fils de trames pour effacer les blessures laissées par le drame.

Bruno Fougniès

 

Scènes de violences conjugales

Texte mise en scène scénographie Gérard Watkins
Musique Yuko Oshima
Lumières Anne Vaglio
Régie générale et construction Franck Lezervant

Avec : Hayet Darwich, Julie Denisse, David Gouhier, Maxime Lévêque, Yuko Oshima

 

Mis en ligne le 18 novembre 2016