SANS RANCUNE

Théâtre du Palais-Royal
38, rue de Montpensier
75001 PARIS
01 42 97 59 76

Jusqu’au 1er mars
Du mardi au samedi à 21h00
Matinées samedi à 16h30 et dimanche à 15h30

 

Sans rancune loupePhoto Émilie Brouchon

Même si l’on n’est pas particulièrement friand du genre dit « boulevard » avec femme, mari, amant, lorsque l’adaptation est signée Azzopardi-Danino, on est forcément alléché.

Car leur humour est un véritable rouleau compresseur, emportant tout sur son passage où se mêlent sens de la répartie, situations incongrues, charges à la hussarde et  allusions contemporaines, le tout livré au pas de charge.

Après Coup de Théâtre et Le Tour du monde en 80 jours, me voici donc prête à découvrir leur dernier opus « Sans rancune ».

Je ne connais pas l’œuvre américaine originale ni l’adaptation de Jean Poiret qui lui avait valu un Molières en 1992, avec à la mise en scène Pierre Mondy et Roland Giraud dans le rôle tenu maintenant par Daniel Russo. Mais connaissant les protagonistes passés et actuels, on peut sans peine imaginer que c’était forcément assez différent.

Là, on est carrément en 2015, les clins d’œil abondent qui suscitent la joie du public, les clichés se succèdent comme pour montrer notre époque sous une loupe grossissante, pas de demi-mesure, tout le monde en prend pour son grade, les espagnols, les chinois, les riches sont imbus d’eux-mêmes et Barbès est un coupe-gorge. Belle occasion sous le thème classique, de mettre en opposition deux mondes, celui d’un riche capitaine d’industrie vivant  dans un 200m² avenue Montaigne et celui d’un serveur de tapas habitant un meublé sordide à Barbès !

C’est d’une redoutable efficacité et les rires se succèdent sans discontinuer.

Pour parfaitement coller aux délires Azzopardi-Danino, il faut des comédiens à la hauteur.

Et là, on est servi royalement. Daniel Russo, plus qu’à l’aise dans ce rôle, se démène d’un bout à l’autre de la pièce, il éructe, tape du pied, fait de grands gestes, s’écroule. Effleurant parfois un jeu à la De Funès, en faisant des tonnes tout en restant toujours d’une grande justesse, il parvient à insuffler de l’humanité à son personnage pourtant odieux, macho au possible, d’une mauvaise foi sidérante, écrasant tout le monde, persuadé que tout s’achète mais pour qui on finit cependant par éprouver une certaine tendresse. On ressent pleinement le plaisir qu’il éprouve à jouer, à entendre la salle rire, il sait prendre son public par la main, il possède indéniablement ce qui est la marque des grands comédiens, ce « plus » indéfinissable et inexplicable qui les différencie des autres.

Entraînés par cette locomotive, ses complices donnent également le meilleur d’eux-mêmes et on a envie de leur dire (oui, allez, j’ose) : « Merci pour ce moment » !

Nicole Bourbon

 

Sans rancune loupePhoto Émilie Brouchon

Sans Rancune
De : Sam Bobrick et Ron Clark
Adaptation : Sébastien Azzopardi et Sacha Danino
Mise en scène : Sébastien Azzopardi
Assistante à la mise en scène : Emmanuelle Tachoire

Avec :
Daniel Russo (Victor), Anne Jacquemin (Céline), Xavier Letourneur (Alex), David Talbot(Roberto), Nassima Benchicou  (Margot),  Jessica Borio (Nelly)

Décors : Juliette Azzopardi 
Costumes : Pauline Gallot
Lumières : Philippe Lacombe
Musique : Sylvain Meyniac

 

Sans rancune loupePhoto Émilie Brouchon

 

Mis en ligne le 31 janvier 2015

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