RAVEL

Théâtre Artistic Athévains
40 et 45, bis rue Richard Lenoir
75011 Paris
01.43.56.38.32

Jusqu'au 31 décembre 2013
Lundi 20h30 ; mardi 20h ; mercredi, jeudi 19h ; vendredi, samedi 20h30 ; samedi, dimanche 16h ; sauf les 13 et 14 novembre à 20h30, le 25 décembre à17h et le 31 décembre à 20h30

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Mis en ligne le 9 novembre 2013

Ravel

Un piano. Un fauteuil. Une voiture. Une baignoire. Une table et des chaises. Une statue de la Liberté. Une malle.

Dans cet inventaire à la Prévert, un point commun. La couleur. Bleue.

Tout est bleu. Pas d'un bleu sombre, profond comme la nuit. Pas non plus d'un bleu très pâle comme le ciel au matin.

Un bleu franc, gai, joyeux, tirant sur le bleu roi.

Symbolique. Le ciel. La pureté. La mer dans laquelle on se noie. Le vide qui nous aspire. L'évasion.

C'est dans cet univers monochrome qu'Anne-Marie Lazarini a choisi de nous faire voyager. Partir à la découverte d'un homme.

Ou plutôt de deux hommes : un musicien Ravel. Un écrivain Jean Echenoz. Prix Médicis en 1983 pour Cherokee et prix Goncourt en 1999 pour Je m'en vais.

Le second a écrit en 2006 un roman racontant, imaginant, le premier. Une écriture ciselée, précise, baignée d'une ironie élégante, savoureuse.

Un roman dont Patrick Kéchichian(Le Monde) disait à sa parution :

« Par quel mystère, par quel effet de son art et de sa sensibilité, et surtout par quel admirable équilibre de son style – jamais convenu, attendu, prévisible – Jean Echenoz parvient-il à son but ? Nous l'avons dit, pas d'écrire un morceau de la vie de Ravel, mais un roman, un simple roman gorgé de vie et de mort, d'inquiétude, de mystère, de fantaisie, d'alarme, d'humanité, de tendresse. De musique enfin. »

Texte qu'Anne-Marie Lazarini a eu la bonne idée de conserver intégralement, avec juste d'infimes coupures pour en conserver tout l'arôme.

Pas vraiment une pièce, plutôt une lecture théâtralisée. Mais une lecture vivante, énergique, vigoureuse dans une mise en espace intelligente et inventive, toute en finesse.

Et magnifiquement servie par quatre interprètes habités, Coco Felgeirolles, Michel Ouimet, Marc Schapira et l'exceptionnel pianiste Andy Emler.

Tour à tour narrateurs et personnages, les trois comédiens font revivre le compositeur dans les dix dernières années de sa vieainsi que ses compagnons de route, décrivant son quotidien, jouant habilement du « je » et du « il » dans le même mouvement.

Michel Ouimet prête son allure de dandy désabusé, mince et nerveux au génial compositeur, dessinant un personnage tout en contradictions, léger et lucide, acclamé mais seul, en proie à un incommensurable ennui, un artiste brillant qui va peu à peu perdre toute autonomie suite à un accident de voiture et on le voit, le cœur serré, peu à peu perdre pied. Image finale d'une terrible efficacité.

Andy Emler accompagne l'histoire au piano avec des morceaux de sa composition hommage à l'auteur du célèbre boléro dont il nous joue quelques mesures, ce fameux boléro que Ravel commentait ainsi « Une chose qui s'autodétruit, une partition sans musique, une fabrique orchestrale sans objet, un suicide ».

Que dire de plus si ce n'est que ce travail exceptionnel a été couronné à juste titre en juin 2013 par le syndicat de la critique qui a décerné le prix Laurent Terzieff au spectacle et celui de la meilleure musique de scène à Andy Emler.

Nicole Bourbon

 

 

Ravel

de Jean Echenoz 
Mise en scène Anne-Marie Lazarini 
Assistant à la mise en scène Bruno Andrieux 

Musique originale Andy Emler 

Décor et lumières François Cabanat 
Costumes Dominique Bourde avec la collaboration de Henri Lazarini 

Avec Coco Felgeirolles, Michel Ouimet, Marc Schapira
et en alternance Andy Emler et Yvan Robilliard

 

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